S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévoûment,
Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
Si l’espoir de...
-
-
Suspendue aux rameaux plus qu’obligeants d’un frêne,
Tu t’inclines vers l’eau limpide de la Seine :
Ton visage charmant s’y reflète, et tu ris.
Très-bien. C’est un miroir qui vaut ceux de Paris.
Mais, prends bien garde, enfant ! si tout à coup le fleuve
Te volait ton image exquise et toute neuve,
Et s’en allait, joyeux, la porter à la mer !…
Vois-tu... -
Oh ! non, pas un blasphème et pas un désaveu,
Mais je tombe, Seigneur, et je me désespère,
Mais quand ils ont planté le gibet du Calvaire,
C’est dans mon cœur ouvert qu’ils enfonçaient le pieu.Crois-tu que je t’aimais, moi, dont le manteau bleu
T’abrita quatorze ans comme un fils de la terre ?
Oh ! pourquoi, juste ciel, lui donner une mère,
Qu’en... -
Comme nous revenions du Bois, un soir de mai,
Un de ces tièdes soirs où notre âme amollie
Se laisse aller au fil de la mélancolie,
Pour s’être trop mirée aux yeux de l’être aimé,Elle s’assit, très-triste, au fond d’une causeuse ;
Et sur le velours sombre et vert, son front pâli
Ressortit lumineux dans un jour affaibli,
Le jour mystérieux et doux d’... -
Sous les abris pompeux des hautes colonnades,
Et dans les carrefours bruyants du vieux Paris,
Que j’ai suivi de fois vos lentes promenades,
Logogriphes vivants, sphinx par moi seul compris !La foule en vous voyant s’écarte méprisante,
Car vos habits sont vieux, et vos manteaux usés,
Mais moi, je vous observe et je me représente
Les drames qu’ont... -
L’âme écoute toute ravie
Le rossignol qui chante en vous :
Vous feriez adorer la vie,
En l’éclairant de vos yeux doux.Votre voix a le charme étrange
Les appels d’oiseau dans les bois :
Vous rappelez cette mésange
Qu’un pauvre moine d’autrefoisÉcouta pendant cent années
Chanter au fond d’une forêt :
Les fleurs pleuraient... -
Quand le vaisseau, bercé par la mer caressante,
S’arrête aux bords heureux de la terre de Zante
Que les Italiens nomment « fleur du Levant »‚
Le voyageur vers lui voit voler cent nacelles,
Toutes pleines de fleurs humides et nouvelles
Dont l’âme errante flotte et parfume le vent.On dirait des jardins balancés sur les lames,
Et ce sont des œillets... -
Poëte, dors en paix : l’épreuve est terminée ;
Les lauriers sur ta tombe ont fleuri jusqu’au bout,
Mais près d’eux a poussé l’Envie, et chaque année
Voit naître maintenant quelque sourde menée
Pour ébranler le socle où ta gloire est debout.Ceux-ci, — les plus adroits, pour nuire à cette gloire,
Quand l’écho t’applaudit font semblant d’être sourds ;
... -
O mon petit pays de Bresse si modeste !
Je t’aime d’un cœur franc ; j’aime ce qui te reste
De l’esprit des aïeux et des mœurs d’autrefois ;
J’aime les sons traînants de ton langage antique,
Et ton courage simple, et cette âme rustique
Qu’on sent frémir encore au fond de tes grands bois.J’aime tes hommes forts et doux, tes belles filles,
Tes dimanches... -
Je vous ai raconté comment mon pauvre cœur,
Un matin, fut guéri d’une longue souffrance ;
Comment l’amour lassé, cachant l’indifférence,
D’une tendre amitié prit le masque trompeur.Ce cœur si bien guéri tombe en votre puissance ;
Mais vous, douce Ninon, je vous aime sans peur,
Car dans notre amitié l’amour a pris naissance,
Comme un arbre greffé...