Donnez la même tombe aux deux êtres aimés :
Qu’ils soient dans l’inconnu côte à côte enfermés !
Ramenez, s’il est loin, celui que l’autre pleure.
Un seul amour demande une seule demeure ;
Et c’est une souffrance à torturer un mort,
De ne point reposer au lit où l’autre dort !
La matière en révolte elle-même réclame ;
Le corps aspire au corps ainsi que...
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Lorsque s’éveille le Matin
Au Luxembourg encor désert,
En chantant dans le gazon vert,
Les oiselets font leur festin.Les feuilles sont comme un satin
Des larmes de la nuit couvert,
Lorsque s’éveille le Matin
Au Luxembourg encor désert.Le moineau du quartier Latin,
Pour qui se donne le concert,
A des miettes pour son dessert,... -
Fraîches, d’un rose vif et pâle tour à tour,
Les heures du matin sont l’enfance du jour.
Du ciel elles ont vu la ville, leur amie,
Et donnent un baiser à la belle endormie.
Faites de transparence et de virginité,
Nul souffle impur ne touche à leur frêle beauté.
Ces heures ont encor des souvenirs d’étoiles ;
De la pensée obscure elles lèvent les voiles... -
Le meurtrier cosaque avait pour lent supplice
D’être avec la victime enseveli vivant :
— Près Kharkov une vierge aux portes d’un couvent
Fut tuée étant prête à vêtir le cilice.Sur la bière on a peint dans l’or le blanc calice ;
Le jeune meurtrier pieds nus marche devant,
Et les guerriers amis, graves en le suivant,
Sentent leur cœur faiblir sans que... -
Je vais voir, quand il est Midi,
Les estampes du quai Voltaire,
Fragonard qui ne peut se taire,
Et Boucher toujours étourdi.Debucourt est fort applaudi,
Boilly plaît au célibataire ;
Je vais voir, quand il est Midi,
Les estampes du quai Voltaire.Mais Wateau, nautonier hardi,
C’est toi surtout, cœur solitaire,
C’est toi qu’en la... -
Comme il fut triste et beau le destin de Moïse !
Pour lui, Dieu fut terrible et les hommes ingrats,
Et sans se plaindre un jour sa douleur s’est soumise ;
Et jamais vers le ciel il n’a tendu les bras,Lui qui sans récompense a servi d’entremise
Entre la foudre en haut et les crimes en bas,
Lui, qui marcha trente ans vers la terre promise
Sachant au... -
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent ;
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.Sous les rayons d’or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
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Au milieu des joyaux étincelants et lourds
Dont elle allait parer sa gorge demi-nue,
Elle vit un bouquet qu’une main inconnue,
Avait mis là, parmi la soie et le velours.Or ce bouquet, formé de fleurs presque fanées,
Rien qu’à le voir serrait le cœur ; les nénuphars,
Les glaïeuls maladifs, fils des matins blafards,
Les lys, penchés sur leurs tiges... -
Comme une vierge au front vermeil
Dans le jardin des cieux venue,
L’Aube, ayant vaincu le sommeil,
Cueille les fruits d’or de la nue.Dans l’azur, immense verger
Des constellations fécondes,
Elle passe d’un pas léger,
Laissant flotter ses tresses blondes.Et les étoiles, tour à tour,
Aux plis de sa robe jetées,
Tombent, célestes... -
On cause, chez Victor Hugo,
Sans redouter nul pianiste.
Tout flûtiste ou violoniste
Est reçu là comme Iago.Vînt-il de Siam ou du Congo,
Pas d’accueil pour le symphoniste ;
On cause, chez Victor Hugo,
Sans redouter nul pianiste.A d’autres La Reine Indigo,
Ce chef-d’œuvre d’un harmoniste,
Même Le Petit Ébéniste,
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