• ...

  • Voici l’asile pur des champs : voici la ferme,
    Le potager étroit, le grand clos de pommiers,
    La cour vaste où les coqs grattent les bruns fumiers,
    L’aire, et le grain fécond où sommeille le germe.

    Voici la prison blanche où le far-niente enferme
    Les pigeons, commensaux gourmands, jadis ramiers ;
    Tout près d’eux, et mêlés aux hôtes coutumiers,
    Le porc...

  • Les terre est une épouse épanouie et mûre.
    Le blé, pareil à l’or, lui fait des cheveux blonds
    Qu’elle secoue au vent, étincelants et longs.
    Les arbres ont des fruits pesants plein leur ramure.

    Le bon grain dur et jaune a crevé son armure,
    Et saura nous payer pour ce que nous valons :
    Les vaches au poil roux paissent les gras vallons,
    Partout la vie...

  • C’était une de ces nuits blondes
    Qu’il fait après les jours brûlants :
    Pleine d’aurores vagabondes
    Et de crépuscules brûlants.

    Les arbres, décor sympathique
    Sur la lune dans sa rondeur,
    Produisaient cet effet d’optique
    Qui supprime la profondeur.

    Mais le grand ciel bleu par derrière,
    Reculait en s’arrondissant,
    Avec ses perles de...

  • Je rêve un frontispice à mes vers. Le burin,
    Fantasque, évoquerait sur le seuil d’un portique
    La fatale beauté d’une Chimère an tique,
    Levant vers moi son front cruel et souverain.

    Pour abuser mon cœur par un espoir serein,
    La bouche sourirait sensuelle et plastique :
    Le corps rigide aurait la pose hiératique...

  • Combien vas-tu tuer d’hommes, sombre Océan ?
    Tu portes aujourd’hui ta couronne d’écume ;
    Et la folle poussière étincelante fume
    Sur les gouffres où l’œil plonge dans le néant.

    Des sillons longs et noirs rident ton sein béant ;
    Leurs bords, frangés de blanc, scintillent dans la brume.
    Contre l’homme, ce rien, la tempête consume
    Ses assauts monstrueux...

  •  
    L’horizon s’étend libre au loin, laissant l’espace
    Étaler la splendeur de son immensité ;
    Il a beau déployer un orbe illimité ,
    Quelque vaste qu’il soit, notre âme le dépasse.

    Rien n’a plus sa figure et rien n’a plus sa place :
    Le fleuve se resserre en filet argenté ;
    La forêt, s’affaissant, perd de sa majesté ;
    Et l’œil embrasse tout, parce...

  • Malgré le froid, le ciel est en fête, et l’azur,
    Pâle encore, adoucit la lumière adorable ;
    Penché sur l’horizon, le soleil favorable
    Se répand et ne laisse aucun détail obscur.

    La colline montrant au loin sur un fond pur
    Le profil dépouillé d’un saule ou d’un érable,
    Abrite des maisons blanches, et sur le sable
    De la grève un vieux banc se chauffe...

  • Dans un parc oublié dont le silence amorce
    Les rêveurs, sentinelle ancienne du seuil,
    Le grand arbre muet isole son orgueil,
    Et vers le ciel étend ses branches avec force.

    Son tronc noir se raidit musculeux comme un torse,
    Et son cœur dépouillé ferait un bon cercueil.
    Il a l’air de porter l’empreinte d’un long deuil,
    Et l’âge a sillonné profondément l...

  • Une habitude longue et douce lui faisait
    Aimer pendant l’hiver les violettes blanches ;
    A l’agrafe du châle un peu court sur les hanches
    Son doigt fin, sentant bon comme elles, les posait.

    Un jour que le soleil piquant et clair grisait
    Les moineaux francs criant par terre et dans les branches,
    Elle me proposa d’aller tous les dimanches
    Cueillir avec l...