• Garde à jamais dans ta mémoire,
    Garde toujours
    Le beau roman, la belle histoire
    De nos amours !

    Moi, je vois tout dans ma pensée,
    Tout à la fois !
    La trace par ton pied laissée
    Au fond des bois,

    Les champs, les pelouses qui cachent
    Nos verts sentiers,
    Et ta robe blanche où s'attachent
    Les églantiers,

    Comme si...

  • Carite pour jamais a quitté ces fontaines,
    Où ses yeux faisaient voir deux soleils dans les eaux.
    Voilà bien le rivage, où parmi les roseaux,
    Les zéphirs, pour l'ouïr, retenaient leurs haleines.

    Voilà bien les forêts, dont les cimes hautaines
    Semblaient porter sa gloire aux célestes flambeaux.
    Mais ces lieux autrefois si plaisants et si beaux
    N'...

  • Je meure si jamais j'adore plus tes yeux,
    Cruelle dédaigneuse, et superbe Maistresse,
    Si jamais plus, menteur, je fais une Déesse
    D'un subject ennemy de ce qui l'ayme mieux.

    C'est moy qui t'ay logée au plus haut lieu des Cieux,
    Déguisant ton Esté d'une fleur de jeunesse :
    C'est moy qui t'ay doré l'Ebene de ta tresse,
    Faisant de ton seul oeil un...

  • J'ai cru à tout jamais notre joie engourdie
    Comme un soleil fané avant qu'il ne fût nuit,
    Le jour qu'avec ses bras de plomb, la maladie
    M'a lourdement traîné vers son fauteuil d'ennui.

    Les fleurs et le jardin m'étaient crainte ou fallace ;
    Mes yeux souffraient à voir flamber les midis blancs,
    Et mes deux mains, mes mains, semblaient déjà trop lasses...

  • Fut-il jamais douceur de coeur pareille
    À voir Manon dans mes bras sommeiller ?
    Son front coquet parfume l'oreiller ;
    Dans son beau sein j'entends son coeur qui veille.
    Un songe passe, et s'en vient l'égayer.

    Ainsi s'endort une fleur d'églantier,
    Dans son calice enfermant une abeille.
    Moi, je la berce ; un plus charmant métier
    Fut-il jamais ?...

  • Jamais, avez-vous dit, tandis qu'autour de nous
    Résonnait de Schubert la plaintive musique ;
    Jamais, avez-vous dit, tandis que, malgré vous,
    Brillait de vos grands yeux l'azur mélancolique.

    Jamais, répétiez-vous, pâle et d'un air si doux
    Qu'on eût cru voir sourire une médaille antique.
    Mais des trésors secrets l'instinct fier et pudique
    Vous couvrit de...

  • Tu ne me vois jamais, Pierre, que tu ne die
    Que j'étudie trop, que je fasse l'amour,
    Et que d'avoir toujours ces livres à l'entour
    Rend les yeux éblouis et la tête alourdie.

    Mais tu ne l'entends pas : car cette maladie
    Ne me vient du trop lire ou du trop long séjour,
    Ainsi de voir le bureau, qui se tient chacun jour :
    C'est, Pierre mon ami, le livre où...

  • Je ne commis jamais fraude ni maléfice,
    Je ne doutai jamais des points de notre foi,
    Je n'ai point violé l'ordonnance du roi,
    Et n'ai point éprouvé la rigueur de justice :

    J'ai fait à mon seigneur fidèlement service,
    Je fais pour mes amis ce que je puis et doy,
    Et crois que jusqu'ici nul ne se plaint de moi,
    Que vers lui j'aye fait quelque mauvais...

  • Ne lira-t-on jamais que ce dieu rigoureux ?
    Jamais ne lira-t-on que cette Idalienne ?
    Ne verra-t-on jamais Mars sans la Cyprienne ?
    Jamais ne verra-t-on que Ronsard amoureux ?

    Retistra-t-on toujours, d'un tour laborieux,
    Cette toile, argument d'une si longue peine ?
    Reverra-t-on toujours Oreste sur la scène?
    Sera toujours Roland par amour furieux ?...

  • Ores, plus que jamais, me plaît d'aimer la Muse
    Soit qu'en français j'écrive ou langage romain,
    Puisque le jugement d'un prince tant humain
    De si grande faveur envers les lettres usé.

    Donc le sacré métier où ton esprit s'amuse
    Ne sera désormais un exercice vain,
    Et le tardif labeur que nous promet ta main
    Désormais pour Francus n'aura plus nulle excuse...