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    Toi qui hantes mes nuits, spectre éternel du Temps,
    Ombre énorme et sans voix, monstre aux molles vertèbres
    Dont on épie en vain les pas dans les ténèbres,
    Je te sais près de moi ; je tremble et je t’attends.

    Oh bonté ! ai-je donc peur ? Que tes mépris absolvent
    Cette âme où ton regard vertigineux descend...
    Et pourtant il songeait, mon front...

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    « Amour ! Dans tous les temps des hommes t'ont chanté !
    Inventeurs d'un mensonge, ils auront tous porté
    Le cercle ardent qui reste aux martyrs, et la gloire
    D'avoir su faire un dieu de toi, forme illusoire ! »
    Comme en son souterrain, tel, encor ce jour-là,
    Le démon qui l'habite en mon esprit parla.
    Et depuis bien des mois il désolait ma vie ;
    ...

  • Ne t’en va pas, reste au rivage ;
    L’amour le veut, crois-en l’amour.
    La mort sépare tout un jour :
    Tu fais comme elle ; ah ! quel courage !

    Vivre et mourir au même lieu,
    Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

    Quitter l’amour pour l’opulence !
    Que faire seul avec de l’or ?
    Si tu reviens, vivrai-je encor ?
    Entendras-tu dans mon...

  • Jamais Hector aux guerres n’estoit lâche
    Lors qu’il alloit combattre les Gregeois.
    Tousjours sa femme attachoit son harnois,
    Et sur l’armet luy plantoit son pennache.

    Il ne craignoit la Pelienne hache
    Du grand Achille, ayant deux ou trois fois
    Baisé sa femme, et tenant en ses dois
    Quelque faveur de sa belle Andromache.

    Heureux cent fois toy...

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    Si tu pleures jamais, que ce soit en silence ;
    Si l’on te voit pleurer, essuie au moins tes pleurs !
    Car tu ne peux trouver au fond de ta souffrance
    Le calme fier qui naît des injustes douleurs.

    Non ! tu ne le peux pas. Si ta vie est brisée,
    Qui me brisa le cœur où tu vivais ? Dis-moi,
    Dis-moi qui l’a voulu, si je t’ai délaissée ?
    Tes pleurs...

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    ...

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    ...

  • Ô qui a jamais veu une barquette telle,
    Que celle où ma maistresse est conduitte sur l'eau ?
    L'eau tremble, et s'esforçant sous se riche vaisseau,
    Semble s'enorgueillir d'une charge si belle.

    On diroit que la nuict à grands troupes appelle
    Les estoiles, pour voir celle, dans le batteau,
    Qui est de nostre temps un miracle nouveau,
    Et que droit sur...

  • Je ne croiray jamais que de Venus sortisse
    Un tel germe que toy. Or ta race j'ay sceu,
    Ô enfant sans pitié : Megere t'a conceu,
    Et quelque louve apres t'a baillé pour nourrisse.

    Petit monstre maling, c'est ta vieille malice,
    Qui te tient acroupi ; aucun ne t'a receu
    Des hommes ny des Dieux que tu n'ayes deceu ;
    Et encor ne se trouve aucun qui te...

  • J'estois prest d'encourir pour jamais quelque blasme,
    De colere eschaufé, mon courage brusloit,
    Ma fole voix au gré de ma fureur branloit,
    Je despitois les Dieux, et encores Madame,

    Lors qu'elle, de loing, jecte un brefuet dans ma flamme :
    Je le sentis soudain comme il me rabilloit,
    Qu'aussi tost devant lui ma fureur s'en alloit,
    Qu'il me rendoit,...