• Que l'on m'enterre un matin
    De soleil, pour que nul n'essuie,
    Suivant mon cortège incertain,
    De vent, de bourrasque ou de pluie.
    Car, n'ayant jamais fait de mal
    A quiconque ici, je désire,
    Quand mon cadavre sépulcral
    Aura la pâleur de la cire,
    Ne pas, en m'en allant, occire
    Des suites d'un rhume fâcheux
    Quelque pauvre dévoué sire...

  • On ne sait pourquoi cet homme prit naissance.
    Et pourquoi mourut-il ? On ne l'a pas connu.
    Il vint nu dans ce monde, et, pour comble de chance,
    Partit comme il était venu.

    La gaîté, le chagrin, l'espérance, la crainte,
    Ensemble ou tour à tour ont fait battre son coeur.
    Ses lèvres n'ignoraient le rire ni la plainte.
    Son oeil fut sincère et moqueur....

  • Dans le faubourg qui monte au cimetière,
    Passant rêveur, j'ai souvent observé
    Les croix de bois et les tombeaux de pierre
    Attendant là qu'un nom y fût gravé.

    Tu m'es ravie, enfant, et la nuit tombe
    Dans ma pauvre âme où l'espoir s'amoindrit ;
    Mais sur mon coeur, comme sur une tombe,
    C'est pour toujours que ton nom est écrit.

  • Il fut le très subtil musicien des vents
    Qui se plaignent en de nocturnes symphonies ;
    Il nota le murmure des herbes jaunies
    Entre les pavés gris des cours d'anciens couvents.

    Il trouva sur la viole des dévots servants
    Pour ses maîtresses des tendresses infinies ;
    Il égrena les ineffables litanies
    Ou s'alanguissent tous les amoureux fervents....