• (écrit après la Saint-Barthélemy)

    Pauvres Cors où logeoyent ces esprits turbulans,
    Naguieres la terreur des Princes de la terre,
    Mesmes contre le ciel osans faire la guerre,
    Deloiaux, obstinez, pervers et violans :

    Aujourdhuy le repas des animaux volans
    Et rampans charogniers, et de ces vers qu'enserre
    La puante voirie, et du peuple qui erre...

  • Si la mort n'est que séparation
    D'âme et de corps, et que la connaissance
    De Dieu s'acquiert par élévation
    D'esprit, laissant corporelle alliance,
    Entre la mort et vie différence
    De Marguerite aucune ne peut être,
    Sinon que, morte, a parfaite science
    De ce que, vive, eût bien voulu connaître.

  • En mon avril la Parque m'a vaincu,
    Mais bien-heureux d'avoir si peu vescu :
    Et que voit-on que fumée en ce monde,
    Un vent, un songe, une onde qui suit l'onde ?
    Tous les humains sont feuilles du printemps,
    Soudain fanis comme l'herbe des champs :
    Tout passe et coule : Atropos ne pardonne
    Non plus aux roys qu'à la basse personne.

    Donc au...

  • Ci-dessous gît et loge en serre,
    Ce très gentil fallot Jean Serre,
    Qui tout plaisir allait suivant ;
    Et grand joueur de son vivant,
    Non pas joueur de dés, ni quilles,
    Mais de belles farces gentilles,
    Auquel jeu jamais ne perdit,
    Mais y gagna bruit et crédit,
    Amour et populaire estime,
    Plus que d'écus, comme j'estime.

    Il fut en...

  • Ci-dessous gît, or écoutez merveilles,
    Le grand meurtrier et tirant de bouteilles,
    L'anti-Bacchus, le cruel vinicide
    Qui ne souffrit verre onques plein ni vide ;
    Je tais son nom, car il put trop au vin.
    Mais il avait en ce l'esprit divin
    Qu'en le voyant il altérait les hommes,
    Et haïssait lait, cerises et pommes,
    Figues, raisins, et tout autre...