• Je les ai vus, je les ai vus,
    Ils passaient, par les sentes,
    Avec leurs yeux, comme des fentes,
    Et leurs barbes, comme du chanvre.

    Deux bras de paille,
    Un dos de foin,
    Blessés, troués, disjoints,
    Ils s'en venaient des loins,
    Comme d'une bataille.

    Un chapeau mou sur leur oreille,
    Un habit vert comme l'oseille ;
    Ils étaient deux...

  • A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    Vous étiez, vous étiez bien aise
    A Saint-Blaise.
    A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    Nous étions bien là.

    Mais de vous en souvenir
    Prendrez-vous la peine ?
    Mais de vous en souvenir
    Et d'y revenir,

    A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    Dans les prés fleuris cueillir la verveine,
    A Saint-Blaise, à la Zuecca,
    ...

  • Si vous croyez que je vais dire
    Qui j'ose aimer,
    Je ne saurais, pour un empire,
    Vous la nommer.

    Nous allons chanter à la ronde,
    Si vous voulez,
    Que je l'adore et qu'elle est blonde
    Comme les blés.

    Je fais ce que sa fantaisie
    Veut m'ordonner,
    Et je puis, s'il lui faut ma vie,
    La lui donner.

    Du mal qu'une amour ignorée...

  • Beau chevalier qui partez pour la guerre,
    Qu'allez-vous faire
    Si loin d'ici ?
    Voyez-vous pas que la nuit est profonde,
    Et que le monde
    N'est que souci ?

    Vous qui croyez qu'une amour délaissée
    De la pensée
    S'enfuit ainsi,
    Hélas ! hélas ! chercheurs de renommée,
    Votre fumée
    S'envole aussi.

    Beau chevalier qui partez pour la...

  • Bonjour, Suzon, ma fleur des bois !
    Es-tu toujours la plus jolie ?
    Je reviens, tel que tu me vois,
    D'un grand voyage en Italie.
    Du paradis j'ai fait le tour ;
    J'ai fait des vers, j'ai fait l'amour.
    Mais que t'importe ? (Bis.)
    Je passe devant ta maison ;
    Ouvre ta porte.
    Bonjour, Suzon !

    Je t'ai vue au temps des lilas.
    Ton coeur...

  • Lorsque la coquette Espérance
    Nous pousse le coude en passant,
    Puis à tire-d'aile s'élance,
    Et se retourne en souriant ;

    Où va l'homme ? Où son coeur l'appelle.
    L'hirondelle suit le zéphyr,
    Et moins légère est l'hirondelle
    Que l'homme qui suit son désir.

    Ah ! fugitive enchanteresse,
    Sais-tu seulement ton chemin ?
    Faut-il donc que le...

  • J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur :
    N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ?
    Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
    C'est perdre en désirs le temps du bonheur ?

    Il m'a répondu : Ce n'est point assez,
    Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ;
    Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
    Nous rend doux et chers les plaisirs passés ?

    ...

  • Plus subtile oeuvre tirée
    Ne fut onc de soie ou d'or
    Qu'est votre tresse dorée
    De beauté riche trésor
    Oncq' amour plus sûrement
    Ne tendit ses lacs ailleurs
    Pour s'y celer cautement
    Et surprendre mille coeurs.
    La belle douce lumière
    Qui luit dessous votre front
    Semble l'étoile première
    Qui l'ombre de la nuit rompt
    Oncques d'...

  • Belle épousée,
    J'aime tes pleurs !
    C'est la rosée
    Qui sied aux fleurs.

    Les belles choses
    N'ont qu'un printemps,
    Semons de roses
    Les pas du Temps !

    Soit brune ou blonde
    Faut-il choisir ?
    Le Dieu du monde,
    C'est le Plaisir.

  • Lorsque dans nos vertes campagnes
    La nuit
    Descend du sommet des montagnes
    Sans bruit...
    Malheur à toi qui dans nos plaines
    Poursuis un voyage imprudent...
    Entends-tu des forêts lointaines
    Sortir un long rugissement ?...
    C'est Han !
    C'est Han !
    C'est Han d'Islande...
    Han ! Han ! Han ! Han !

    Cet homme qui recèle une âme...