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    Onze fois, d’une mer couverte de naufrages,
    Ma nef à pleine voile à trompé les orages :
    L’avoûrai-je pourtant ? Interdit et troublé,
    Souvent près des écueils mon courage a tremblé.
    Je sens même, en dépit de l’espoir que j’embrasse,
    Qu’aujourd’hui mon vaisseau reviendroit sur sa trace,
    Si le port, d’où long-temps m’ont écarté les dieux,
    Au bout...

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    L’univers existoit : mais l’univers encore
    Ne voyoit point regner l’ordre qui le décore.
    Enfin à ce grand-tout un dieu donna des loix,
    Et destinant chaque être à d’éternels emplois,
    Lui marqua son séjour, son rang et sa durée.
    Il déploya des cieux la tenture azurée,
    Du soleil sur son trône en fit le pavillon,
    Voulut qu’il y regnât, et qu’à son...

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    Du mois, cher à Vénus, la course est terminée.
    Son frère, nouveau roi des beaux jours de l’année,
    Descendu de l’éther sur un nuage d’or,
    Aux grâces du printems vient ajouter encor.
    Propice aux doctes soeurs, il attend leur hommage ;
    Il vient le réclamer. Ah ! Puisse son image
    Respirer aussi fraîche, aussi belle en mes vers
    Que les fleurs, dont...

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    Grossis par le torrent des nèges écoulées,
    Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées ;
    Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
    Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
    Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
    La mer gronde ; les vents précurseurs des tempêtes
    Courent d’un pôle à l’autre, et tourmentant les flots,
    Entourent...

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    Les vents sont accourus : leur troupe déchaînée
    Déjà vers son déclin précipite l’année.
    Déjà n’offrant par-tout qu’un aride coup-d’oeil,
    L’automne se dépouille ; et la forêt en deuil,
    Impuissante à garder un reste de verdure,
    Sent mourir tous ses sucs liés par la froidure.
    Le ciel même est changé. L’aurore au front vermeil
    Se cache : elle s’...

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    Battez, bruyans tambours, battez de rive en rive.
    Il paroît, c’est lui-même ; il avance, il arrive :
    Oui, c’est lui. Je le vois sur les monts d’alentour :
    Battez, et de Bacchus annoncez le retour.
    Éveillez-vous, buveurs, hâtez-vous ; le tems presse,
    Hâtez-vous ; du sommeil secouez la paresse.
    Aux scènes de plaisir qui renaissent pour vous,
    Moi...

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    Permets, reine des fleurs, qu’en ton riant domaine
    Pour la dernière fois ma muse se promène.
    Tu m’exauces : déjà tes parfums ravissans
    Des beaux lieux que je cherche avertissent mes sens.
    Lentement j’y pénètre ; et ma vue enchantée
    Fixe la tubéreuse à la feuille argentée ;
    Que son baume est flatteur, mais qu’il est dangereux !
    Ainsi toujours du...

  • Psaphon. (à part.)

    C’est ce monstre !

    Gilbert....
  • J’ai voulu long-temps les juger sur des faits et non sur des
    paroles, et feuilletant les pages de l’histoire, j’y suivais attenti-
    vement les Français.

    Ô toi qui venges l’humanité des peuples et des rois qui
    l’outragent, véridique histoire, tu m’avais fait quelquefois de ce
    peuple une peinture bien effrayante.

    Cependant je croyais, et cette...

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         Regrettera qui veut le bon vieux temps,
    Et l’âge d’or, et le règne d’Astrée,
    Et les beaux jours de Saturne et de Rhée,
    Et le jardin de nos premiers parents ;
    Moi, je rends grâce à la nature sage
    Qui, pour mon bien, m’a fait naître en cet âge
    Tant décrié par nos tristes frondeurs :
    Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
    J’aime...