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    Des perles encor mouillent son bras blanc.
    Couchée en un lit de joncs verts et d'herbes,
    Le sein ombragé d'un rameau tremblant,
    Au bruissement des chênes superbes,
    Aux molles rumeurs des halliers épais,
    Non loin de la source elle rêve en paix.
    Tandis qu'au revers des souples lianes,
    Sur son reflet nu se figent pâmés
    Les flots du bassin,...

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    Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
    Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
    Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
    D’une blanche harmonie argentent les gazons.
    Une ombre par degrés baigne ces formes vagues :
    Et sur les bracelets, les colliers et les bagues
    Qui chargent les poignets, les poitrines, les doigts,
    Avec le...

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    C'est un soir calme ; un souffle aux aromes subtils
    Vanne de fleurs en fleurs, et du parc aux collines,
    Le pollen qu'il dépose aux pointes des pistils ;
    Un soir d'été serein, aux étoiles câlines.
    La lune magnétique arrose les halliers ;
    Et dans l'herbe, pareils à deux grands boucliers
    Chus d'un duel gigantesque en preuve pour l'histoire,
    ...

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    C'était le soir, à l'heure où, s'étirant les bras,
    Le laboureur se dit : « Ma journée est finie ! »
    Une ombre sur les champs roulait son harmonie.
    Les chansons se mêlaient aux jurements ingrats.

    L'hirondelle penchée effleurait l'herbe grise ;
    La cigale dormait dans les blés mûrissants,
    Et, le long des chemins aux nocturnes passants,
    Les...

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    Quand le rêveur en proie aux chagrins qu'il ravive,
    Pour fuir l'homme et la vie, et lui-même à la fois,
    Rafraîchissant sa tempe au bruit des cours d'eau vive,
    S'en va par les prés verts, par les monts, par les bois ;

    Il refoule bien loin la pensée ulcérée,
    Cependant qu'un désir de suprême repos
    Profond comme le soir, lent comme la marée,
    L'...

  • Clorinde a des yeux clairs et froids comme l’acier,
    Qu’indignent les aveux, qu’allument les mains jointes ;
    Elle habite l’orgueil comme un donjon princier ;
    Et son regard, pareil au fer d’un justicier,
    Sait plus loin dans les cœurs enfoncer mille pointes.

    Jane a les yeux profonds, obscurs comme les trous
    Que sur...

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    L’Invisible, celui qui règne dans les cieux,
    Assembla ses enfants pour lui chanter sa gloire ;
    Et Satan était là, qui se dressait près d’eux.

    Et le Très-haut lui dit : « D’où viens-tu ? — mon histoire
    Est vieille, répondit l’adversaire : j’ai fait
    Tout le tour de ton oeuvre avec mon aile noire.

    « J’ai délié l’esprit que ta règle étouffait ;
    ...

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    Sous le fécond soleil des nations antiques,
    L'homme était riche en dieux dont il savait les noms ;
    Et des images d'or encombraient les portiques,
    Ou, géantes, gardaient le seuil des Parthénons.

    Et pourtant, jamais las d'encens ni de prières,
    L'homme des jours sereins où riaient les dieux nus,
    Entre le ciel et lui rêvant plus de lumières,
    ...

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    Près du Gange ou du Nil, de la Seine ou du Rhin,
    La fée Hamonde habite un palais souterrain
    Creusé dans les trésors d'une insondable mine,
    Et que leur seul éclat de tout temps illumine.
    Le regard de la fée a poli les parois
    Qui sont des métaux purs à rendre fous les rois,
    Des feux cristallisés tels que reine ou tzarine
    N'en a jamais paré son...

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    Là-bas, au flanc d'un mont couronné par la brume,
    Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
    Sous l'ondulation de l'air chaud qui s'allume
    Monte un bois toujours vert de sombres filaos.
    Pareil au bruit lointain de la mer sur les sables,
    Là-bas, dressant d'un jet ses troncs roides et roux,
    Cette étrange forêt aux douleurs ineffables
    ...