Par une nuit d’été, quand le ciel est d’azur,
Souvent un feu follet sort du marais impur.
Le passant qui le voit le prend pour la lumière
Qui scintille aux carreaux lointains d’une chaumière ;
Vers le fanal perfide il s’avance à grands pas,
Tout joyeux ; et bientôt, ne s’apercevant pas
Qu’un abîme est ouvert à ses pieds, il y tombe,
Et son corps reste...
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Les parfums les plus doux et les plus belles fleurs
Perdoient en un instant leurs charmantes odeurs;
Tous ces mets savoureux dont je chargeois ma table
Ne m’ont jamais offerts qu’un plaisir peu durable,
Oublié le jour même et suivi de regrets.
Mais de ces jours heureux, Xanthus, et de ces veilles
Où de savans discours ont charmé mes oreilles,
Il... -
DERNIERS VERS DE NOURRIT
Le cygne, lorsqu’il sent venir l’heure suprême,
En chants mélodieux
À la blonde lumiêre, au beau fleuve qu’il aime,
Soupire ses adieux !Ainsi cette pauvre âme, à la rive lointaine,...
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Tes prunes, fruits d’amphithéâtre,
Semblent les fœtus des bocaux
Pendus dans l’alcool verdâtre
Par leurs cordons ombilicaux. -
Ami, vous avez beau, dans votre austérité,
N’estimer chaque objet que par l’utilité,
Demander tout d’abord à quoi tendent les choses
Et les analyser dans leurs fins et leurs causes ;
Vous avez beau vouloir vers ce pôle commun
Comme l’aiguille au nord faire tourner chacun ;
Il est dans la nature, il est de belles choses,
Des rossignols oisifs, de... -
Quand je fis connaissance avec votre famille,
À Marbœuf, au jardin de son cèdre si fier
(Ce souvenir pour moi semble dater d’hier),
Madame, vous n’étiez qu’une petite fille.Je revins ; vous grimpiez encor sur les genoux,
Mais déjà dans votre œil brillait un feu plus tendre ;
La curiosité qui cherchait à comprendre
Rendait vos jeux d’enfant moins... -
Février grelottait blanc de givre et de neige ;
La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits ;
Et déjà tu disais : « Ô mon Dieu ! quand pourrai-je
Aller cueillir enfin la violette au bois ? »Notre ciel est pleureur, et le printemps de France,
Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons ;
Paris est dans la boue au beau mois où Florence... -
Que tu me plais dans cette robe
Qui te déshabille si bien,
Faisant jaillir ta gorge en globe,
Montrant tout nu ton bras païen !Frêle comme une aile d’abeille,
Frais comme un cœur de rose-thé,
Son tissu, caresse vermeille,
Voltige autour de ta beauté.De l’épiderme sur la soie
Glissent des frissons argentés,
Et l’étoffe à la chair... -
Moines de Zurbaran, blancs chartreux qui, dans l’ombre,
Glissez silencieux sur les dalles des morts,
Murmurant des Pater et des Ave sans nombre,Quel crime expiez-vous par de si grands remords ?
Fantômes tonsurés, bourreaux à face blême,
Pour le traiter ainsi, qu’a donc fait votre corps ?Votre corps modelé par le doigt de Dieu même,
... -
Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.Entre nos cœurs tant de distance !
Tant d’espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !D’ici là-bas, que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et...