• Deux estions et n’avions qu’ung cœur.
    Le Lay de maistre Ytier Marchant.

    Hélas ! Il n’estoit pas saison
    Si tôt de son département.
    La Complainte de Valentin Granson.

    D’elle que reste-t-il aujourd’hui ? Ce qui reste,
    Au réveil d’un beau rêve, illusion céleste ;
    Ce qui reste l’hiver des parfums du printemps,
    De l’...


  • À mes lèvres le goût du miel :
            Son baiser.
    Dans mon âme un reflet du paradis :
            Ses yeux.
    Dans mon cœur un poignard :
            Ses serments.

  • Il creusait dans la mer son sillage d'écume,
    Le navire grondant qui respire le feu ;
    Nous suivions cette côte où le Vésuve fume :
    Les cyprès étaient noirs, l'eau verte, le ciel bleu.

    Une vague enjouée, en poursuivant la poupe,
    Des perles de la mer aspergeait le bateau,
    Comme le buis bénit qu'on trempe dans la coupe
    Sur le front des passants jette le...

  •  
    Qu’un autre, en arrivant au soir de son destin,
    Voie au fond de sa vie, éclatant et hautain,
    Celui qu’il fut jadis et dont le pas sonore
    Sur la route parvient à son oreille encore
    Et dont il se rappelle avoir vécu les jours.
    La gloire a couronné son front heureux. L’amour
    Au laurier toujours vert mêle son myrte sombre
    Qui parfume la nuit et qui...

  •  
    Le matin souriait, humide de rosée ;
    Du haut du ciel pâle un brouillard changeant
    Etendait sur le lac et la plaine arrosée
    Son voile onduleux aux lueurs d’argent.

    Le soleil s’éveillait sous les nuages roses,
    Et, dans chaque perle où son disque luit,
    Au calice entr’ouvert des fleurs à peine écloses
    Buvait lentement les pleurs de la nuit.

    ...
  • Le ciel, aux lueurs apaisées,
    Rougissait le feuillage épais,
    Et d’un soir de mai, doux et frais,
    On sentait perler les rosées.

    Tout le jour, le long des sentiers,
    Vous aviez, aux mousses discrètes,
    Cueilli les pâles violettes
    Et défleuri les églantiers.

    Vous aviez fui, vive et charmée,
    Par les taillis, en plein soleil ;
    Un flot de...

  •  
    À Mme D.

    Ne reviendrez-vous plus, jours de bonheur paisible !

    Adieu ! L’été s’envole, et l’hiver nous rappelle.
    Adieu ! tout un grand mois s’est enfui comme un jour,
    Mais nous en garderons le souvenir fidèle ;
    Gardez-le, vous, à votre tour.

    Que de fois, loin de vous, nous causerons encore
    De ces instants charmants, trop vite...

  •  

    Le rythme argentin de ta voix
    Dans mes rêves gazouille et tinte,
    Chant d’oiseau, bruit de source au bois,
    Qui réveillent ma joie éteinte.

    Mais les bois n’ont pas de frissons,
    Ni les harpes éoliennes,
    Qui soient si doux que tes chansons,
    Que tes chansons tyroliennes.

                                *

    Parfois le vent m’apporte encor...

  •  
    GRAND artiste couché sous la terre éplorée,
    Vaincu frappé debout sous la pierre étendu,
    Rêveur déchu du haut de ton rêve éperdu,
    Je veux chanter envers ta mémoire sacrée.

    L’outil dur des graveurs dans la main inspirée,
    Comme un stylet de feu vers l’idéal tendu,
    De l’âpre vérité fouillant le ciel ardu,
    Y traça dans l’art pur, une route ignorée...

  •  
    Tandis qu’au soleil lourd la campagne d’automne
    Filait inertement son rêve de stupeur,
    Nous traversions la brande aride et monotone
    Où le merle envahi du spleen enveloppeur
    Avait un vol furtif et tremblotant de peur.
    Nous longions un pacage, un taillis, une vigne ;
    Puis au fond du ravin que la ronce égratigne
    Apparaissait la Creuse aux abords...