• Écoutez-moi si vous m'aimez :
    Je suis sauvé lorsque je chante ;
    Et toi, surtout, que j'ai formé
    De ma plus douce voix vivante :
    Tes beaux cheveux bien éclairés
    Comme le feu dans la poussière
    Te font pareil aux oliviers,
    Tes mains connaissent un mystère
    Dont il reste de l'or aux doigts...
    Si tu es dieu, révèle-toi.

    - Garde ton sang...

  • Les fontaines ornées d'écume et d'armes blanches
    Les fontaines, ce soir, parlent à haute voix

    La vitre des cafés
    Murmure, où la buée, les baisers se mélangent
    Le souffle de l'amour et les lèvres mouillées
    Que je goûte sur toi.

    Douces choses, ce soir, et qui fondent en larmes
    Haleines et cheveux Promesses dénouées
    De caresse en caresse...

  • Le gazon nourri des vertes banlieues,
    Ma forêt d'amour aux chemins vernis,
    Sont tout pénétrés d'une pâte bleue
    - D'un azur solide où planter des nids.

    Fuyons les pays que leur gloire encombre
    (Quel désert superbe on ferait ici)
    Nous irons au bois fouler le décombre
    De tout ce laurier cher à mes amis

    Il faut mettre au vert notre poétique...

  • Ma ville a des chemins serrés comme des herbes
    S'écoulant le long d'elle et recouvrant son corps.
    Tous également purs, également superbes,
    Ces fleuves bigarrés n'ont pas besoin de ports.

    Chaque jour, je le crois, contient une marée
    Qui grandit et m'enlève, ô lampe, à vos lueurs.
    Les routes que je suis ont une destinée,
    Je ne résiste pas à leur...

  • L'oeil terrible d'un dieu s'est ouvert à mon front :
    Que je vois bien la vie au fond de ma blessure !
    Et comme un loup marqué de honteuses morsures,
    Je porte, clair regard, le faix de tes rayons.

    - J'ai cherché ma patrie avec sincérité
    Dans ses villes, son ciel, ses champs et ses navires.
    - Mais rien ne vaut la chambre où je fais de ma lyre
    Le...

  • J'ai abîmé l'enfant de votre coeur
    (Y fallait-il cette présence triste ?)
    Mais, évadé, sourire sans grandeur,
    Comment prouver que tout ce Monde existe ?

    - Et toi, mon corps, enfant que j'abandonne,
    Par tous tes sens tu montres des désirs !
    - Et toi, Sagesse, un poète s'étonne
    Que pour si peu l'on vienne t'endormir.

    Si Dieu est mort dans...

  • " La terre montre au ciel ce qu'elle a de plus beau. "
    Simon Senne.

    A Robert De Geynst


    Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même
    Et tout ce que j'aimais, comme le sable fin
    Sans peser sur la plage où les vents le dispersent
    (Amour dont je traçais un émouvant dessin)

    S'évanouit... La seule étendue inutile
    Mais seule, mais...

  • A Marcel Arland

    Que m'importe de vivre heureux, silencieux,
    Un nuage doré pour maison, pour patrie.
    Je caresse au hasard le corps de mon amie,
    Aussi lointaine, hélas ! et fausse qu'elle veut.

    Qui êtes-vous enfin ? qui parle ? - et qui m'écoute ? -
    Un homme vraiment seul entend battre son coeur.
    Je cherche parmi vous les signes du bonheur :...

  • Le corps fermé comme une jeune rose
    Celle qu'Amour ne désunissait pas
    Qui disposait pour nous entre les choses
    L'oeuvre excellente et pure de ses pas

    Dont les cheveux donnaient le goût de vivre
    Et dont les mains faisaient le pain doré
    - N'était-ce rien qu'un instant d'équilibre
    Par un miracle au hasard préservé ?

    Pour un sourire elle...

  • Amour dont je chéris la fourrure mouillée
    quand remue à ton cou ce minable ornement,
    laisse-moi du beau corps que tu meus sagement
    peindre la vraie image austère et dépouillée.

    Je t'emporte avec moi, masque de porcelaine,
    silencieux esprit de la rue en été.
    Quand, écoeurante enfin par trop de chasteté,
    l'odeur des eaux pénètre une terre plus saine...