Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même

" La terre montre au ciel ce qu'elle a de plus beau. "
Simon Senne.

A Robert De Geynst

Il pleut. je n'ai plus rien à dire de moi-même
Et tout ce que j'aimais, comme le sable fin
Sans peser sur la plage où les vents le dispersent
(Amour dont je traçais un émouvant dessin)

S'évanouit... La seule étendue inutile
Mais seule, mais unie, en pente vers la mer,
Me laisse par l'écume aller d'un pas tranquille
Qu'elle efface après moi. Toi, paysage amer,

Paysage marin, le seul où je sois libre,
Qui parle mieux qu'un homme, avec plus de grandeur,
Donne-moi, pour un soir, cette raison de vivre,
- Le secret de ta grâce au milieu du malheur :

Sans faiblesses, sans fleurs charmantes ni flétries
Mais tellement plus beau qu'aucun ouvrage humain,
La terre unie au ciel par la foudre ou la pluie
Et les quatre éléments tenus dans une main.

Vous faites ces beautés, lumières de l'orage,
Dunes, léger trésor, mouvement des éclairs,
- Mais il reste à traduire un si noble langage
Et vous n'aurez de sens que celui de mes vers

- Quand je n'avais plus rien à dire de moi-même
Ce paysage m'a répondu sagement :
Car la création est le jeu que je mène
Et jusqu'à mes ennuis doivent former un chant.

Collection: 
1915

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Le sable et les arbres jouaient
A m'égarer
Le vent et les oiseaux jouaient au plus léger
Plaisir des dunes
Une canne de jonc
Une cravate Un papillon
Écume de mer Pipe d'écume
Avec l'amitié pour enjeu

Ces jeunes gens ne sont pas sérieux

Les rues et les verres vides
La grande fraîcheur des mains
Rien de cassé Rien de sali Rien d'inhumain

Cordialement bonjour, bonsoir
Je suis paresseux tu vois
En bonne santé

A la santé du paysage
L'amateur de rues aérées
Si vous voulez que je vous...

Sortons. J'ai entendu des Dryades profondes,
Lamentantes redire aux hommes de l'été
(Comme de grandes eaux amoureuses qui grondent)
Quel amour il faudrait à leur avidité.

Est-ce vous sur ce banc ma Muse vagabonde,
Coudes au corps, les mains ouvertes, l'air brisé ?...

On meurt dans la pluie.
La Douleur du Nord
Aime ce décor
En saisons pourries.

Pégase y est mort
Une nuit de pluie.
Pourquoi, Poésie,
Ce cri vers le Nord ?

Les ailes cassées
Dans des cheminées
Saigne l'ange lourd :

Ô ville...

Ô douleur chevelue adossée au comptoir
Du vieux cabaret où je fume
Belle dame dorée emprisonnant le soir
Dans cette lyre qui s'allume

Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
Les limonades, les liqueurs,
A l'aimable madère et aux honteuses menthes
...