Viens voir sur la colline, à l’heure où le jour fuit,
Les constellations éclore dans la nuit.
La campagne s’endort silencieuse. Écoute !…
Les rumeurs des pesants chariots sur la route
Vont s’éloignant toujours ; à peine, par moment,
Du fond de quelque ferme un sonore aboîment
Réveille les grands bois absorbés dans leur rêve.
Les vagues des épis qu’un...
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L’infini m’a prise, ami, je suis morte ;
Je lègue mon ombre à tes bras déserts…
D’autres s’en iront frapper à ta porte ;
J’ai, comme un oiseau, pris la clef des airs.Nos âmes, toujours, ne sont pas fidèles ;
J’avais le pied rose et l’œil andaloux,
J’ignorais que Dieu m’eût donné des ailes,
Tu ne l’as pas vu, tu n’es pas jaloux.Personne,...
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En vain Midi sur les cieux
Tend ses lumineuses toiles ;
Je cherche toujours leurs yeux
Dans les couchants pleins d’étoiles.A la première allumée
Sur le bord de l’horizon
Je donne en pleurant ton nom,
Ma première bien-aimée !Le regard descend sur moi
De celle qui t’a suivie
Et me rend l’ancien émoi :
Car celle-là prit ma vie... -
A l’ombre des forêts je suis rasséréné.
Oui, j’aime comme un fils ces vertes solitudes.
Là, des temps primitifs que vit mon humble aîné,
Je trouve l’innocence avec ses quiétudes.Dans les bois je reprends d’antiques habitudes,
Tout un passé renaît en mon cœur étonné.
Et, gai, vous oubliant, humaines lassitudes,
Vers les arbres je cours d’un élan... -
Madame Catherine avait certes raison
De les faire égorger ainsi. — La trahison
N’est point crime mais bien vertu, quand on l’emploie
Au service de Dieu qui l’accepte avec joie.
Car la foi n’est plus due à qui n’a plus la Foi.
— Sont-ils hommes ceux-là qui n’ont Pape ni Roi,
Et qui mettent la sainte Église en pillerie ?
Le David, dont la main veille à... -
Chargé des armes d’or d’un heiduque abattu,
Klibb descend au Dnieper, et sa jument sauvage
Dans l’eau jusqu’au poitrail boit le fougueux breuvage.
Lui se mire au kandjar que le Turc avait eu.Une fille au beau corps étroitement vêtu,
Prise dans Andrinople et réduite en servage,
Dans la cruche de grès vient puiser au rivage :
Ses yeux d’un philtre grec... -
J’aime à vous évoquer dans une chaste pose,
Debout et les doigts joints et les yeux souriants,
Comme au temps où, rêveur injustement morose,
Je profitais si mal de mes beaux jours fuyants.Ah ! je vous ai du moins présente en ma mémoire !
Tout, depuis le nœud bleu sous le petit col blanc
Ou la simple croix d’or, avec la robe noire
Qui garde dans ses... -
Près de la Setch guerrière aux huttes sans clôture
Un Zaporogue dort sur la route, en travers,
Pareil aux demi-dieux dont en leurs anciens vers
Les Cobzars ont chanté l’héroïque stature.L’or de son caftan turc et sa riche ceinture
De boue et de goudron par mépris sont couverts ;
Vingt fois de son sang libre il a teint les prés verts ;
Il prend la vie... -
« Fils, avec le Kourèn ce soir tu partiras :
Les Tatars ont brûlé sur le Don un village.
Mais avant, fils, je veux, robuste malgré l’âge,
Par moi-même éprouver la force de ton bras. »La houppe de cheveux flotte sur leur cuir ras,
Ils déposent leurs peaux de buffle au noir pelage,
Arrêtent près du camp leur pesant attelage,
Et, dans la steppe immense... -
« Tu veux partir, ma fille ? et suivre malgré moi
Cet Étranger rusé, sans pudeur et sans foi ?
Pars, fille impie ; et vous, ô terribles Déesses,
Nocturnes, aux cheveux de serpents, vengeresses !
Suivez-la sur la nef de l’Époux triomphant,
Furieuses et plus rapides que le vent ! »O cité de Kadmos ! Thébè, chère patrie !
Je ne repose pas sous une herbe...