• Que faire désormais pour se grandir encore ?

                   Hélas ! depuis quels temps
            Avait-il fatigué les soirs et les aurores.
                   Hélas ! depuis quels temps,
            Depuis quels temps de tumulte et d’effroi
            Avait-il fatigué les marais et les bois,
            Les monts silencieux et les grèves sonores
            Du bruit...

  •  

    Le soleil a clos sa paupière
    À l’horizon tout frangé d’or.
    Déjà l’ombre crépusculaire
    Estompe le lac qui s’endort.

    Pas un lambeau de vent ne rase
    Le tapis transparent des eaux,
    Le flot indolent tout bas jase
    Avec le sable et les roseaux.

    Pas un cri ne rompt le silence
    Qui plane sur l’immensité.
    La tiède nuit de mai s’avance...

  • Partout, de loin en loin, de proche en proche,

    Et pour les morts et les saints,
    Et pour les hiers et les demains,
    Partout sonnent, sur les chemins,
    Et dans l’écho ricochent,
    Les cloches.

    L’heure est triste : les champs, les champs s’en vont mourir
    Brumes, recouvrez-les de vos étoupes lourdes ;
    Cloches,...

  • Les pampres du printemps et le vin de l’automne
    Ont perdu le parfum qui jadis me fut cher :
    Je veux l’haleine chaste et le silence amer,
    Les brumes et la glace et l’ombre de l’Hiver.

    Je ne tresserai plus l’irréelle anémone,
    Je n’écouterai...

  • Homme dont la tristesse est écrite d’un bout
    Du monde à l’autre, et même aux murs de la campagne,
    Forçat de l’hôpital et malade du bagne ;

    Dormeur maussade, à qui chaque aube dit : « Debout ! »
    Voyageur douloureux qu’attend la Mort, auberge
    Où l’on vend le lit dur et les pleurs blancs du cierge,

    Tu gémis, étonné de te sentir si las ;
    Puis un jour tu...

  • Ô femmes dont les mains sont belles,
    Vous dédiez, par charité,
    Leur sûre et tranquille bonté
    ...

  •  
    Je suis né dans un port et depuis mon enfance
    J’ai vu passer par là des pays bien divers.
    Attentif à la brise et toujours en partance,
    Mon cœur n’a jamais pris le chemin de la mer.

    Je connais tous les noms des agrès et des mâts,
    La nostalgie et les jurons des capitaines,
    Le tonnage et le fret des vaisseaux qui reviennent
    Et le sort des...

  • L’HORLOGER

    À la vitrine, où s’accrochaient

    Quelques bagues et maints hochets,
    On s’arrêtait pour voir,
    Le soir,
    En sa boutique, l’horloger
    Qui remuait, avec des doigts légers
    Et...

  • À ceux qui n’ont ni feu, ni lieu,

    Et qui sont lents, et qui sont vieux,
    À ceux qui, jour à jour,
    — Depuis quels temps ! — ont fait le tour
    De leur misère sédentaire,
    Aux pauvres gens des durs métiers :
    Portiers, veilleurs, gardiens et cantonniers,
    Les petites villes octroient, parfois,
    Le bénéfice
    De...

  • Ibsen n’est plus ! Sa mort évoque
    En moi cette bizarre époque
    — Voilà bien des ans… quelque vingt
    Où la plupart de nos critiques
    Firent à son art dramatique
    Le succès que l’on sait. « Enfin !

    Disaient-ils — Voici du théâtre
    Profond, tour à tour et folâtre,
    Et lumineux comme l’Été. »
    Alors que c’était, au contraire,
    Un vrai magma d’...