• Pleurez mes yeux, et vous fondez en eau,
    Toute ma joie est enclose au tombeau.
    Un jeune enfant, ma chère nourriture
    Vient d'être mis dans cette sépulture.
    Qui le croirait ! c'est le petit Rondeau.
    Je fus son père, et sa mère Isabeau.
    Ô vous jadis qui le vîtes si beau,
    Chaste Julie, après cette aventure,
    Pleurez.

    Et toi, Phébus, trace de...

  • A une Demoiselle qui avoit
    les manches de sa chemise retroussées
    et sales.


    Vous qui tenez incessamment,
    Cent Amans dedans vostre manche,
    Tenez-les au moins proprement,
    Et faittes qu'elle soit plus blanche.

    Vous pouvez avecque raison,
    Usant des droits de la victoire,
    Mettre vos galans en prison ;
    Mais qu'elle ne soit pas si...

  • Des portes du matin l'Amante de Céphale,
    Ses roses épandait dans le milieu des airs,
    Et jetait sur les cieux nouvellement ouverts
    Ces traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étale,

    Quand la Nymphe divine, à mon repos fatale,
    Apparut, et brilla de tant d'attraits divers,
    Qu'il semblait qu'elle seule éclairait l'Univers
    Et remplissait de feux la rive...

  • ... Adieu, mon cher Ronsard ; l'abeille est votre tombe
    Fasse toujours son miel ;
    Que le baume arabic à tout jamais y tombe,
    Et la manne du ciel.
    Le laurier y verdisse avecque le lierre
    Et le mirthe amoureux ;
    Riche en mille boutons, de toutes parts l'enserre
    Le rosier odoreux,
    Le tin, le basilic, la franche marguerite,
    Et notre lis françois
    ...

  • Sous ce champêtre monument
    Repose une fille encor chère ;
    Elle n'a vécu qu'un moment :
    Plaignez sa mère.

  • De la dépouille de nos bois
    L'automne avait jonché la terre ;
    Le bocage était sans mystère,
    Le rossignol était sans voix.
    Triste, et mourant à son aurore,
    Un jeune malade, à pas lents,
    Parcourait une fois encore
    Le bois cher à ses premiers ans :
    " Bois que j'aime ! adieu... je succombe.
    Ton deuil m'avertit de mon sort ;
    Et dans chaque...

  • Le poète chantait : de sa lampe fidèle
    S'éteignaient par degrés les rayons pâlissants ;
    Et lui, prêt à mourir comme elle,
    Exhalait ces tristes accents :

    " La fleur de ma vie est fanée ;
    Il fut rapide, mon destin !
    De mon orageuse journée
    Le soir toucha presque au matin.

    " Il est sur un lointain rivage
    Un arbre où le Plaisir habite...

  • Ici dort une amante à son amant ravie :
    Le Ciel vers lui la rappela.
    Grâces, vertus, jeunesse, et mon coeur, et ma vie,
    Tout est là.

  • de la promenade de Longchamp

    J'ai vu cette brillante fête,
    Fête des grâces, des amours,
    Que trois mois d'avance on apprête,
    Et dont on s'occupe trois jours.
    J'ai vu la beauté sous les armes,
    Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
    Doubler le pouvoir de ses charmes
    Pour venir assiéger les coeurs.
    J'ai vu la toilette nouvelle,
    Et,...

  • Rondeau

    Brouilleurs de vins, malheureux et maudits,
    Gens sans amour, faux en faits et en dits,
    Qui ne tendez qu'en damnable avarice,
    Soyez certains que divine justice
    Vous punira de bien brief, je le dis,
    Les vins nouveaux vous seront interdits,
    Point n'en boirez ; car des fois plus de dix,
    Dieu qui nous voit connaît votre malice,
    ...