Ô nuit magicienne, ô douce, ô solitaire,
Le paysage avec sa flûte de roseau
T?accueille ; et tes pieds nus posés sur le coteau
Font tressaillir le coeur fatigué de la terre.
Laissant fuir de ses doigts sa guirlande de fleurs,
Voici qu?en tes bras frais s?endort le soir qui rêve.
L?âme, veule au soleil, frissonne, se soulève,
Et tord sa chevelure à la...
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Vers l'archipel limpide, où se mirent les Iles,
L'Hermaphrodite nu, le front ceint de jasmin,
Épuise ses yeux verts en un rêve sans fin ;
Et sa souplesse torse empruntée aux reptiles,
Sa cambrure élastique, et ses seins érectiles
Suscitent le désir de l'impossible hymen.
Et c'est le monstre éclos, exquis et surhumain,
Au ciel supérieur des formes... -
Vague et noyée au fond du brouillard hiémal,
Mon âme est un manoir dont les vitres sont closes,
Ce soir, l'ennui visqueux suinte au long des choses,
Et je titube au mur obscur de l'animal.
Ma pensée ivre, avec ses retours obsédants
S'affole et tombe ainsi qu'une danseuse soûle ;
Et je sens plus amer, à regarder la foule,
Le dégoût d'exister qui me... -
Quand je suis à tes pieds, comme un fidèle au temple
Immobile et pieux, quand fervent je contemple
Ta bouche exquise ou flotte un sourire adoré,
Tes cheveux blonds luisant comme un casque doré,
Tes yeux penchés d?où tombe une douceur câline,
Ton cou svelte émergeant d?un flot de mousseline,
L?ombre de tes longs cils sur ta joue et tes seins
Où mes baisers... -
Nous sommes les Puissants - soldat, rhapsode ou mage,
Nous naissons pour l?orgueil de voir, dompteurs altiers,
Les siècles asservis se coucher à nos pieds ;
Et c?est nous qui forgeons, surhumains ouvriers,
Tour à tour, la vieille âme humaine à notre image.
Nous sommes les Puissants exécrés ou bénis,
Fronts nimbés d?auréole ou brûlés d?anathème.
Le sort... -
Le ciel pleure ses larmes blanches
Sur les jours roses trépassés ;
Et les amours nus et gercés
Avec leurs ailerons cassés
Se sauvent, frileux, sous les branches.
Ils sont finis les soirs tombants,
Rêvés au bord des cascatelles.
Les Angéliques, où sont-elles !
Et leurs âmes de bagatelles,
Et leurs coeurs noués de rubans ?...
... -
Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon coeur sur tes genoux.
Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.
La parole a des notes d'or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les coeurs sont pleins jusqu'au bord.
Il est des soirs d'amour subtil,
Des... -
En printemps, quand le blond vitrier Ariel
Nettoie à neuf la vitre éclatante du ciel,
Quand aux carrefours noirs qu?éclairent les toilettes
En monceaux odorants croulent les violettes
Et le lilas tremblant, frileux encor d?hier,
Toujours revient en moi le songe absurde et cher
Que mes seize ans ravis aux candeurs des keepsakes
Vivaient dans les grands murs... -
Octobre est doux. - L'hiver pèlerin s'achemine
Au ciel où la dernière hirondelle s'étonne.
Rêvons... le feu s'allume et la bise chantonne.
Rêvons... le feu s'endort sous sa cendre d'hermine.
L'abat-jour transparent de rose s'illumine.
La vitre est noire sous l'averse monotone.
Oh ! le doux "remember" en la chambre d'automne,
Où des trumeaux... -
L'heure comme nous rêve accoudée aux remparts.
Penchés vers l'occident, nous laissons nos regards
Sur le port et la ville, où le peuple circule,
Comme de grands oiseaux tourner au crépuscule.
Des bassins qu'en fuyant la mer à mis à sec
Monte humide et puissante une odeur de varech.
Derrière nous, au fond d'une antique poterne,
S'ouvre, nue et déserte, une...