Silence !...

Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon coeur sur tes genoux.

Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.

La parole a des notes d'or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les coeurs sont pleins jusqu'au bord.

Il est des soirs d'amour subtil,
Des soirs où l'âme, semble-t-il,
Ne tient qu'à peine par un fil...

Il est des heures d'agonie
Où l'on rêve la mort bénie
Au long d'une étreinte infinie.

La lampe douce se consume ;
L'âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.

Oh ! s'en aller sans nul retour,
Oh ! s'en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d'amour !

Oh ! s'en aller sans violence,
S'évanouir sans qu'on y pense
D'une suprême défaillance...

Silence !... Silence !... Silence !...

Collection: 
1879

More from Poet

  • En juillet, quand midi fait éclater les roses,
    Comme un vin dévorant boire l?air irrité,
    Et, tout entier brûlant des fureurs de l?été,
    Abîmer son coeur ivre au gouffre ardent des choses.

    Voir partout la vie, une en ses métamorphoses,
    Jaillir ; et l?Amour, nu comme...

  • Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble,
    Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs,
    Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble
    En un soir diaphane où défaillent des fleurs.

    La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
    L'aurore en son cristal baigne...

  • Partout la mer unique étreint l'horizon nu,
    L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
    Au pied du mât penchant l'Espérance grelotte,
    Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.

    Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
    L'Ame assise à la barre,...

  • Oh ! Écoute la symphonie ;
    Rien n'est doux comme une agonie
    Dans la musique indéfinie
    Qu'exhale un lointain vaporeux ;

    D'une langueur la nuit s'enivre,
    Et notre coeur qu'elle délivre
    Du monotone effort de vivre
    Se meurt d'un trépas langoureux.

    ...

  • Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs.
    L'espérance a tissé la robe de la terre ;
    Et ses vieux flancs féconds, travaillés d'un mystère,
    Vont s'entr'ouvrir encor d'une extase de fleurs.

    Les temps sont arrivés, et l'appel de la femme,
    Ce soir, a retenti...