Vous possédez fort inutilement
Esprit, beauté, grâce, vertu, franchise ;
Qu'y manque-t-il ? quelqu'un qui vous le dise
Et quelque ami dont on en dise autant.
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" Si vous voulez que j'aime encore,
Rendez-moi l'âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s'il se peut, l'aurore.
Des beaux lieux où le dieu du vin
Avec l'Amour tient son empire,
Le Temps, qui me prend par la main,
M'avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n'a pas l'... -
Si quand il faut tirer le rideau de la vie
Le cors au departir sent une telle mort,
Que je sens en partant de vous ma douce vie,
Dont la main tient la clef de ma vie et ma mort :
A bon droit un chacun brigue l'heur de la vie,
Tousjours se derobant des griffes de la mort
Mais l'espoir du retour me fait tourner en vie,
En pensant au depart je me parts... -
Traitres yeux mis au guet de ma haute eschauguette
Contre les ennemis du coeur vostre Seigneur,
Que donnés vous passage à l'oeil assassineur
De ma laronne amie en ma moëlle segrette ?
Helas il n'est plus temps de sonner la retraite
Quand le fort est tenu du soldat butineur !
Aussi mon mur sapé par ce cruel mineur,
D'une mer de vos pleurs vous fait... -
Je dirai les enfants jouant devant la porte,
La fermière abreuvant les vaches au lavoir,
Les passereaux de l'aire et le char qui rapporte
L'ajonc pour les chevaux à la brune du soir
Joie et douleur du toit, vous serez mon domaine.
Durant d'assez longs temps on a chanté les rois,
Et les vagues ennuis que le riche promène ;
Poète du foyer, j'y... -
Faire ne puis sans deuil et déplaisir
Ce qu'il convient et force est que je fasse.
Devoir requiert ce qu'empêche désir ;
Amour retient ce que raison pourchasse.
Un bien me rit et l'autre me menace ;
Dont entre deux convient que je soupire.
Las ! je veux trop ; mais crainte me retire,
Qui ne permet que mon mal je découvre.
En ce tourment adieu je... -
Si ce qui est enclos dedans mon coeur
Je pense au vrai par écrit vous dépeindre,
Je suis certain que votre grand rigueur
Serait semonce à lamenter et plaindre.
Car si pitié peut noblesse contraindre,
Et tout bon coeur voyant un grief martyre,
J'endure, las ! tant et tant que le dire
N'est rien au mal que j'ai sous joie feinte ;
Et si n'ai rien... -
Ô quel ennui à ceux de départir
Où ferme amour ne peut être offensée ;
Laquelle vient toutefois nous partir
Joie et douleur en secrète pensée.
Il est bien vrai que n'est pas compensée
La joie au mal qu'un chacun de nous porte.
Mais sûre foi de tant nous réconforte
Qu'il n'y a temps, longue absence ou demeure
Qui puisse clore à nos désirs la porte... -
Amour, voyant l'ennui qui tant m'oppresse
Et la douleur secrète qui me tue,
N'a pas longtemps, en lui vidé de presse,
Me dit : " Ami, il faut que t'évertue.
Ton mal est grand, mais ta foi est connue,
Qui par souffrir plus vient en évidence ;
Puis tu sais bien que souvent est issue
De long travail heureuse récompense. " -
De ta lèvre mignarde un fin sucre courant,
De ta doucette voix la délicate joie,
Entre l'or et châtain ta tresse qui ondoie,
De ta tendrette main le chatouiller errant,
Du vent quand tu aspire un parfum odorant,
Autour de tes deux yeux Cupidon qui tournoie,
Et cet enfant divin que le ciel clair t'envoie
Pour être conducteur de tout le demeurant,...