Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce...
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Vos attraits n'ont plus rien que l'épée et la cape ;
Votre esprit est plus plat qu'un pied de pèlerin ;
Vous pleurez plus d'onguent que n'en fait Tabarin,
Et qui voit votre nez le prend pour une grappe.
Vous avez le museau d'un vieux limier qui lape,
L'oeil d'un cochon rôti, le poil d'un loup marin,
La chair d'un aloyau lardé de romarin,
Et l'... -
Que de ton beau jardin les merveilles j'admire !
Que tout ce qu'on y voit, que tout ce qu'on y sent
A d'aimables rapports avec le doux accent
De ce divin oiseau qui chante et qui soupire !
Qu'après ces rares sons dont triomphe ta lyre,
Mon oreille se plait au tonnerre innocent
Que l'on oit dans ta voûte où ravi l'on descend
Pour monter en un lieu que... -
Voici le rendez-vous des Enfants sans souci,
Que pour me divertir quelquefois je fréquente.
Le maître a bien raison de se nommer La Plante
Car il gagne son bien par une plante aussi.
Vous y voyez Bilot, pâle morne et transi,
Vomir par les naseaux une vapeur errante ;
Vous y voyez Sallard chatouiller la servante
Qui rit du bout du nez en portrait... -
.Jeune déesse au teint vermeil,
Que l'Orient révère,
Aurore, fille du Soleil,
Qui nais devant ton père,
Viens soudain me rendre le jour,
Pour voir l'objet de mon amour.
Certes, la nuit a trop duré ;
Déjà les coqs t'appellent :
Remonte sur ton char doré,
Que les Heures attellent,
Et viens montrer à tous les yeux
De quel émail tu peins... -
Assis sur le bord d'un chantier
Avec des gens de mon métier,
C'est-à-dire avec une troupe
Qui ne jure que par la coupe,
Je m'écrie, en lâchant un rot :
Béni soit l'excellent Bilot !
Il nous a donné un fromage
A qui l'on doit bien rendre hommage.
Ô Dieu ! quel manger précieux !
Quel goût rare et délicieux !
Qu'au prix de lui ma fantaisie... -
(extrait)
... J'ai dit à mon coeur désolé :
Quittons cette tour de démence,
Mêlons-nous à la vie immense,
Soyons, dans l'ère qui commence,
Parmi les moissonneurs du blé.
Il est d'autres deuils que les nôtres
Et le mot du problème humain,
Trop grand pour une seule main,
Est caché dans le coeur des autres. -
(extrait)
... Le choeur disait la mort des heures éphémères
Et la fin du voyage épique de Jason
Vers l'île où resplendit l'éternelle toison,
Et la fuite éperdue et sombre des chimères.
Le choeur disait le mal profond, l'esprit rendu,
Le doute moissonnant le blé blanc des pensées,
Les flambeaux consumés, les coupes renversées
Et le vin... -
Je suis l'enfant parti pour ramasser des fleurs,
Qui s'est égaré dans la forêt des douleurs.
Ma blouse d'écolier était pleine de roses,
Et je ne pensais pas à regarder les choses.
Mais, lorsque j'ai levé les yeux, j'ai vu la nuit,
Comme un immense oiseau, qui descendait sans bruit.
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... -
Je ne commettrai pas le crime poétique
De m'endormir parmi les parfums et les fleurs ;
Les fleurs dont j'ai saisi le langage mystique
Ont trop fait couler de mes pleurs.
Ma mort sera plus lente et sera non moins sûre ;
Il est d'autres moyens que la vague ou l'acier :
Le fleuve rend sa proie, on panse une blessure,
Ton parfum n'est pas meurtrier....