Pour couronner la blonde enfant aux yeux d'azur,
De toutes la plus chaste ensemble et la plus belle,
Car sa gorge orgueilleuse a pour hôte un coeur pur,
Que l'azur du bleuet au fauve épi se mêle.
Quand le ciel d'août torride accable les moissons,
Qu'au sein des blés houleux s'enfoncent les faucilles,
Son labeur et sa force étonnent les garçons,
Sa...
-
-
Tout ce que le monde m'offre ici-bas
pour me consoler me pèse.
Imitation de Jésus-Christ.
L'automne fait gronder ses grandes orgues grises
Et célèbre le deuil des soleils révolus,
L'avare automne entasse aux rebords des talus
Les vols de feuilles d'or que flagelle la bise.
Stérile et glacial reliquaire où s'effrite
Ce qui ne peut... -
Un soir, au temps du sombre équinoxe d'automne
Où la mer forcenée et redoublant d'assauts
Se cambre et bat d'un lourd bélier le roc qui tonne,
Nous étions dans un lieu qui domine les eaux.
Heure trouble, entre l'ombre et le jour indécise !
La faux du vent sifflait dans les joncs épineux.
A mes pieds, sur la terre humide et nue assise
Tu... -
Le tiède après-midi paisible de septembre
Languit sous un ciel gris, mélancolique et tendre,
Pareil aux derniers jours d'un amour qui s'achève.
Après les longs et vains et douloureux voyages,
Le solitaire, ouvrant sans bruit la grille basse,
Rentre ce soir dans le logis de sa jeunesse.
Ah ! comme tout est lourd, comme tout sent l'automne !
Comme... -
Ah ! ce bruit affreux de la vie !
Et que dormir serait meilleur
Dans la terre où le caillou crie
Sous la bêche du fossoyeur !
Le soleil a toute ma haine ;
Je suis rassasié de voir
Sa lumière quotidienne
Se rire de mon désespoir.
Ah ! pouvoir donc enfin m'étendre
Dans le seul lit où l'on soit seul,
Et dans l'ombre attentive... -
Aie une âme hautaine et sonore et subtile,
Tais-toi, mure ton seuil, car la lutte déprave ;
Forge en sceptre l'or lourd et roux de tes entraves,
Ferme ton coeur à la rumeur soûle des villes ;
Entends parmi le son des flûtes puériles
Se rapprocher le pas profond des choses graves ;
Hors la cité des rois repus, tueurs d'esclaves,
Sache une île... -
Je vais mourir, je vais bientôt mourir ; qu'on ouvre
La croisée et que j'aie un rayon de soleil
Sur mon lit et la ronde endormeuse des mouches ;
Que tout le jour sourie à mon dernier sommeil ;
Qu'on me couvre de fleurs, que l'air frais du matin
M'apporte encor les clairs effluves du jardin
Où mon frère aux cheveux dorés creuse le sable.
Je vais mourir... -
Le temps n'a point pâli ta souveraine image :
Telle qu'un jour d'été, jadis, tu m'apparus,
Debout, battant du linge au bord d'un sarcophage,
Je te revois, fille aux bras nus.
C'est dans une prairie où la chaleur frissonne,
Où, comme un brasier vert, l'herbe s'incline au vent.
Un platane robuste à la belle couronne
T'abrite du soleil brûlant.
... -
J'ai croisé sur la route où je vais dans la vie
La Mort qui cheminait avec la Volupté,
L'une pour arme ayant sa faux inassouvie,
L'autre, sa nudité.
Voyageur qui se traîne, ivre de lassitude,
Cherchant en vain des yeux une borne où s'asseoir,
Je me trouvais alors dans une solitude
Aux approches du soir.
Tout à coup, comme à l'heure où... -
Je t'apporte, buisson de roses funéraires,
Ces vers, à toi déjà lointaine et presque morte,
Ô douloureuse enfant qui passes dans mes rêves ;
Moi qui t'ai vue heureuse et belle, je t'apporte
Ces vers, comme un bouquet de lys sur ta beauté.
Tu sus trop tôt que l'homme est âprement mauvais,
Et le sel de la vie à ta bouche est resté.
Ton sourire autrefois...