• La nuit, pour rafraîchir la nature embrasée,
    De ses cheveux d’ébène exprimant la rosée,
    Pose au sommet des monts ses pieds silencieux,
    Et l’ombre et le sommeil descendent sur mes yeux
    C’était l’heure où jadis !... Mais aujourd’hui mon âme,
    Comme un feu dont le vent n’excite plus la flamme,
    Fait pour se ranimer un inutile effort,
    Retombe sur soi-même,...

  •  
    Quand on se rencontre et qu'on s'aime,
    Que peut-on échanger de mieux
    Que la prière, don suprême,
    Or pur qu'on reçoit même aux cieux ?

    Vous me l'offrez, je le réclame :
    Pensez à moi dans le saint lieu ;
    Que cette obole de votre âme
    M'enrichisse au trésor de Dieu.

    L'Orient sous son ciel de fête,
    Prenant les astres...

  • O toi dont l'oreille s'incline
    Au nid du pauvre passereau,
    Au brin d'herbe de la colline
    Qui soupire après un peu d'eau;

    Providence qui console,
    Toi qui sais de quelle humble main
    S'échappe la secrète obole
    dont le pauvre achète son pain;

    Toi qui tiens dans ta main diverse
    L'abondance et la nudité,
    Afin que de leur doux commerce...

  •  
    Bulbul enivre toute oreille
    De sons, de musique et de bruit ;
    Sa voix éclatante réveille
    Les échos charmés d’une nuit ;

    La douce et blanche tourterelle
    N’a qu’une note dans la voix :
    Mais cette note est éternelle,
    Et ne dort jamais sous les bois ;

    C’est un souffle qu’amour agite,
    Un soupir qui pleure en sortant ;
    C’est un...

  •  
    Si tu cherches la paix et l’abri pour ton rêve,
    Pourquoi bâtir ton nid si près du grand écueil ?
    J’aime mieux la maison du pêcheur sur la grève.
    Dont la vague en hurlant vient caresser le seuil ;

    J’aime mieux la maison du pâtre sous la neige
    D’une alpe qui blanchit sous un soleil levant.
    Où Ton entend sonner le givre qui l’assiège,
    Dont la...

  • Frère, le temps n’est plus où j’écoutais mon âme
    Se plaindre et soupirer comme une faible femme
    Qui de sa propre voix soi-même s’attendrit,
    Où par des chants de deuil ma lyre intérieure
    Allait multipliant comme un écho qui pleure
              Les angoisses d’un seul esprit.

    Dans l’être universel au lieu de me répandre,
    Pour tout sentir en lui, tout...

  •  
    Aimons-nous ! nos rangs s’éclaircissent,
    Chaque heure emporte un sentiment ;
    Que nos pauvres âmes s’unissent
    Et se serrent plus tendrement !

    Aimons-nous ! notre fleuve baisse ;
    De cette coupe d’amitié
    Que se passait notre jeunesse,
    Les bords sont vides à moitié.

    Aimons-nous ! notre beau soir tombe ;
    Le premier des deux endormi...

  •  
    Les lionceaux ont des asiles,
    Les oiseaux du ciel ont des nids :
    Les pauvres mères de nos villes
    N’ont point de toits pour leurs petits !

    Oh ! rouvrez-leur des bras de mère,
    Donnez-leur le lait et le pain,
    Et gardez de la graine amère
    Le van qui leur épand le grain !

    Et vous, venez, timide enfance ;
    Bénissez Dieu sur leurs genoux...

  •  
    O philosophe, ô solitaire
    Sur la montagne retiré,
    Qui répands de là sur la terre
    La chaleur d’un cœur inspiré !

    Quand je m’assois dans ces retraites
    Pleines de générations,
    Où tu ranges sur deux tablettes
    La sagesse des nations,

    Dans ces catacombes des âges,
    En un volume reliés,
    Quand je vois dans deux ou trois pages
    ...

  •  
    Tes vers jaillissent, les miens coulent :
    Dieu leur fit un lit différant ;
    Les miens dorment et les tiens roulent
    Je suis le lac, toi le torrent !