Recueillements poétiques/À Augusta

 
Bulbul enivre toute oreille
De sons, de musique et de bruit ;
Sa voix éclatante réveille
Les échos charmés d’une nuit ;

La douce et blanche tourterelle
N’a qu’une note dans la voix :
Mais cette note est éternelle,
Et ne dort jamais sous les bois ;

C’est un souffle qu’amour agite,
Un soupir qui pleure en sortant ;
C’est un cœur ému qui palpite,
Une âme sans voix qu’on entend.

Plus on écoute et plus on rêve ;
En vain ce soupir n’a qu’un son,
L’oreille attend, devine, achève,
Et l’âme vibre à l’unisson.

Celui qu’un double charme attire
Entre l’ivresse et la langueur,
Écoute, hésite, et ne peut dire
Lequel est l’oiseau de son cœur !

Collection: 
1810

More from Poet

Sur les ruines de Rome.

Un jour, seul dans le Colisée,
Ruine de l?orgueil romain,
Sur l?herbe de sang arrosée
Je m?assis, Tacite à la main.

Je lisais les crimes de Rome,
Et l?empire à l?encan vendu,
Et, pour élever un seul homme,
L?univers si bas...

Ainsi, quand l'aigle du tonnerre
Enlevait Ganymède aux cieux,
L'enfant, s'attachant à la terre,
Luttait contre l'oiseau des dieux;
Mais entre ses serres rapides
L'aigle pressant ses flancs timides,
L'arrachait aux champs paternels ;
Et, sourd à la voix...

(A un poète exilé)

Généreux favoris des filles de mémoire,
Deux sentiers différents devant vous vont s'ouvrir :
L'un conduit au bonheur, l'autre mène à la gloire ;
Mortels, il faut choisir.

Ton sort, ô Manoel, suivit la loi commune ;
La muse t'enivra de...

A Mme de P***.
Il est pour la pensée une heure... une heure sainte,
Alors que, s'enfuyant de la céleste enceinte,
De l'absence du jour pour consoler les cieux,
Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.
On voit à l'horizon sa lueur incertaine,
Comme les...

C'est une nuit d'été ; nuit dont les vastes ailes
Font jaillir dans l'azur des milliers d'étincelles ;
Qui, ravivant le ciel comme un miroir terni,
Permet à l'oeil charmé d'en sonder l'infini ;
Nuit où le firmament, dépouillé de nuages,
De ce livre de feu rouvre...