• Nous causions sur le Beau, lui savant, moi poète ;
    Au galbe de l’amphore il préférait le vin,
    Il appelait le style un grelot creux et vain,
    Et la rime, un écho dont le sens s’inquiète.

    Je répondais: « La forme aux yeux donne une fête !
    Qu’il soit plein de falerne ou d’eau prise au ravin,
    Qu’importe ! si le verre a le profil divin !
    Le parfum envolé,...

  • Au printemps ramenant sa joie,
    Le Juste au cœur tendre et meurtri
    Savoure, ivre en dedans, sans cri,
    La félicité qui le noie.
    Devant ce feuillage nourri
    Qui, si frais, tremble et se déploie
    Il faut que son espoir aigri
    Se réillusionne et croie !
    Au bruit du ruisseau qu’il côtoie
    Sa raison même s’attendrit,
    Le vent qui court, l’eau qui...

  • Ô vraie amour, dont je suis prise,
    Comment m'as-tu si bien apprise,
    Que de mon jour tant me contente,
    Que je n'en espère autre attente,
    Que celle de ce doux amer,
    Pour me guérir du mal d'aimer ?

    Du bien j'ai eu la jouissance,
    Dont il m'a donné connaissance
    Pour m'assurer de l'amitié,
    De laquelle il tient la moitié :
    Doncques est-il...

  • Mon bon ami, poëte aux longs cheveux,
    Joueur de flûte à l'humeur vagabonde,
    Pour l'an qui vient je t'adresse mes voeux :
    Enivre-toi, dans une paix profonde,
    Du vin sanglant et de la beauté blonde.
    Comme à Noël, pour faire réveillon
    Près du foyer en flamme, où le grillon
    Chante à mi-voix pour charmer ta paresse,
    Toi, vieux Gaulois et fils du bon Villon,...

  • Connais toi même, dit Phébus.
    Du ciel descendit ce précepte ;
    Pour guérir folie et abus,
    Lui, médecin, fit la recette ;
    Mais n'est pas seule ; j'en excepte,
    Et soutiens que d'avoir hanté
    Les gens, sondant leur volonté,
    Ne sert pas moins que se connaître.
    Veux tu bien vivre en sûreté ?
    Connais l'autrui, te voilà maître.