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    Plein de très vieux poissons frappés de cécité,
    L'étang, sous un ciel bas roulant de sourds tonnerres,
    Étale entre ses joncs plusieurs fois centenaires
    La clapotante horreur de son opacité.

    Là-bas, des farfadets servent de luminaires
    À plus d’un marais noir, sinistre et redouté ;
    Mais lui ne se révèle en ce lieu déserté
    Que par ses bruits...

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    Il est un triste lac à l'eau tranquille et noire
    Dont jamais le soleil ne vient broder la moire,
    Et dont tous les oiseaux évitent les abords.
    Un chêne vigoureux a grandi sur ses bords,
    Et, courbé par le Temps jusqu'aux ondes, étale
    Sur la cime des flots sa masse horizontale.
    Son feuillage muet se tait malgré le vent ;
    Le nymphaea, l'iris, le...

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    … il est, au cœur de la vallée, un étang que
    l’on nomme l’Etang mystérieux.

    Je connais un étang qui somnole, blêmi
    Par l’aube blême et par le clair de lune ami.

    Un iris y fleurit, hardi comme une lance,
    Et le songe de l’eau s’y marie au silence.

    Aucun souffle ne fait balancer les roseaux.
    Le ciel qui s’y reflète a la couleur des eaux.

    ...
  • Comme un lointain étang baigné de clair de lune,
    Le passé m'apparaît dans l'ombre de l'oubli.
    Mon âme, entre les joncs, cadavre enseveli,
    S'y corrompt lentement dans l'eau jaunâtre et brune.

    Les croyances d'antan s'effeuillent une à une,
    Tandis qu'à l'horizon suavement pâli,
    Un vague appel de cor, un murmure affaibli
    Fait vibrer le silence endormi...

  • Fuis l'étang du mauvais pas,
    Crains l'ogre qu'on y soupçonne,
    Gare au monstre du trépas !

    On dit qu'il fit ses repas
    Maintes fois d'une personne...
    Fuis l'étang du mauvais pas !

    Crois-moi ! tiens ! entends ce glas !
    C'est comme un avis qui sonne.
    Gare au monstre du trépas !

    Mais, incrédule est le gars.
    Il part, sa...

  • Dans l'étang d'un grand coeur quand la douleur s'épanche
    Comme du soir, et met un tain d'ombre et de nuit
    Sous la surface en fleur de cette eau longtemps blanche
    Qui, durant le soleil et le bonheur enfui,

    N'avait rien reflété que le songe des rives,
    Alors l'étang du coeur se colore soudain
    D' un mirage agrandi dans le noir des eaux vives
    Arbres longs et...

  • Le calme des jardins profonds s'idéalise.
    L'âme du soir s'annonce à la tour de l'église ;
    Ecoute, l'heure est bleue et le ciel s'angélise.

    A voir ce lac mystique où l'azur s'est fondu,
    Dirait-on pas, ma soeur, qu'un grand coeur éperdu
    En longs ruisseaux d'amour, là-haut, s'est répandu ?

    L'ombre lente a noyé la vallée indistincte.
    La cloche, au...