J'estois tout seul entier dans mon essence, Au paradis de l'amour de moy-mesme, Et mon esprit, en ce logis supreme, Se reposoit sus ma douce indolence :
A mon resveil, je vy en ma presence Celle moitié de mon tout, que plus j'ayme Estre sans moy, cause et...
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De moy elle a, et d'elle j'ay la vie, La vie moy ? mais, las, j'ay la mort d'elle, Qui toutesfois auray vengeance telle Que par sa mort ma mort sera suyvie :
L'on diroit bien qu'elle a brulante envie De m'estre douce, autant qu'elle est rebelle, Car si je...
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Le gazon soleilleux est plein De campanules violettes, Le jour las et brûlé halette Et pend aux ailes des moulins.
La nature, comme une abeille, Est lourde de miel et d'odeur, Le vent se berce dans les fleurs Et tout l'été luisant sommeille. ...
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Mes souvenirs sont si nombreux Que ma raison n'y peut suffire. Pourtant je ne vis que par eux, Eux seuls me font pleurer et rire. Le présent est sanglant et noir ; Dans l'avenir qu'ai-je à poursuivre ? Calme frais des tombeaux, le soir !... Je me suis...
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Quiconque fit d'Amour la pourtraiture, De cet Enfant le patron ou prit il, Sur qui tant bien il guida son outil Pour en tirer au vray ceste peinture ?
Certe il sçavoyt l'effet de sa pointure, Le garnissant d'un arc non inutil : Bandant ses yeulx de son...
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L'Amour qui me tourmente Je trouve si plaisant Que tant plus il s'augmente Moins j'en veux estre exemt : Bien que jamais le somme Ne me ferme les yeux, Plus amour me consomme Moins il m'est ennuyeux.
Toute la nuit je veille Sans cligner au...
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Depuis qu'Amour ma poitrine recuit, Bouillante au feu de sa plus chaude braise De mille ennuis en immortel malaise, Dont maint souci dans moy l'un l'autre suit :
J'oubli tout bien pour un bien qui me fuit, Par un plaisir dont la douceur m'embraise, Si bien...
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D'Amour d'Amour je fu je fu blessé, Et de mon sang la liqueur goute a goute En chaudes pleurs hors ma playe degoute, Qui de couler puis le temps n'a cessé.
Je suis d'Amour si bien interessé. Que peu a peu s'enfuit ma force toute, Et quelque onguent qu'a ma...
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Aussi souvent qu'Amour fait penser à mon âme, Combien il mit d'attraits dans les yeux de ma Dame, Combien c'est de l'honneur d'aimer en si bon lieu, Je m'estime aussi grand et plus heureux qu'un Dieu. Amaranthe, Phillis, Caliste, Pasithée, Je hais cette mollesse à...
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Un de ses bras fléchit sous son cou qui le presse, L'autre sur son beau front retombe avec mollesse, Et le couvre à demi : Telle, pour sommeiller, la blanche tourterelle Courbe son cou d'albâtre et ramène son aile Sur son oeil endormi !
Le doux gémissement de...
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