• Tranquille et nu se pose au-dessus du blasphème
    le pied d’une petite enfant Nazaréenne.

  • Tristesse ! Que ce cœur qui veut tout, ne veut rien…
    que le chant de l’oiseau et l’amitié du chien.
    Il ne possède rien, même si l’on lui donne :
    la fleur d’Avril qu’il tient lui prend le fruit d’Automne.

  • Tu écrivais que tu chassais des ramiers
             dans les bois de la Goyave,
    et le médecin qui te soignait écrivait,
             peu avant ta mort, sur ta vie grave.

    Il vit, disait-il, en Caraïbe, dans ses bois.
             Tu es le père de mon père.
    Ta vieille correspondance est dans mon tiroir
             et ta vie a été amère.

    Tu partis d’Orthez...

  • Tu rirais d’un pauvre diable qui t’aimerait
    et cependant tu pourrais devenir la chienne
    d’un homme qui ne t’aimerait pas et rirait.
    Crois-moi : préfère le pauvre diable sans haine
    qui serait pour toi très complaisant et très doux.
    Puis, qu’est-ce qui te dit que, comme une chérie,
    tu ne mettrais pas tes minces bras à son cou
    en croisant tes petits...

  • Tu serais nue sur la bruyère humide et rose,
    comme ces femmes qu’on apprend en classe, près
    de chèvres se donnant des coups au bas des prés.
    Tu dormirais en ne rêvant d’aucune chose,
    et tes jambes pareilles, tièdes et douces
    luiraient dans la pluie verte et glacée de la mousse.
    Ton corps serait comme l’air et l’eau qui sont purs.
    Un grillon aigre...

  • Tu seras nue dans le salon aux vieilles choses,
    fine comme un fuseau de roseau de lumière,
    et, les jambes croisées, auprès du feu rose,
                    tu écouteras l’hiver.

    À tes pieds, je prendrai dans mes bras tes genoux.
    Tu souriras, plus gracieuse qu’une branche d’osier,
    et, posant mes cheveux à ta hanche douce,
                    je pleurerai que...

  • Tu t’ennuies ? —
    — Elle dure
    cette pluie
    qui est dure.

    Je prends ma
    pipe en glaise
    que j’allume à
    une braise.

    Tu es loin
    et tu penses
    dans un coin
    aux vacances.

    Les pavés
    par la pluie
    sont lavés.
    Je m’ennuie.

    Aux carreaux
    blancs, j’écoute
    tomber l’eau
    froide en gouttes.

    ...
  • Tu viendras lorsque les bruyères au soleil
    près des routes qui se fendent ont des abeilles.

    Tu viendras en riant avec ta bouche rouge
    comme les fleurs des grenadiers et des farouches.

    Tu lui diras que tu l’aimes depuis longtemps,
    mais en lui refusant ton baiser en riant.

    Mais lorsque tu voudras le lui donner, alors
    tremblante et suante, tu verras...

  •                      « Le rieur alors, d’un ton sage,
                         Dit qu’il craignait qu’un sien ami,
                         Pour les grandes Indes parti
                         N’eût depuis un an fait naufrage. »
                                       JEAN DE LA FONTAINE. L. VIII. f. viii....

  • Un jeune homme qui a beaucoup souffert
    traverse la place du hameau vert.
    La chaleur est immense. Il passe devant
    l’auberge et une modeste grille
    où s’entortillent des roses et de la vigne.

    La douce hirondelle poursuit les guêpes
    dans le silence. C’est l’heure des vêpres.

    Il entre doucement, sans être aperçu,
    dans l’église pauvre où les voix...