• L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
    Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
    Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
    Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?

    Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
    Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
    Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
    Et tu...

  • Voix de l'Orgueil : un cri puissant comme d'un cor,
    Des étoiles de sang sur des cuirasses d'or.
    On trébuche à travers des chaleurs d'incendie...
    Mais en somme la voix s'en va, comme d'un cor.

    Voix de la Haine : cloche en mer, fausse, assourdie
    De neige lente. Il fait si froid ! Lourde, affadie,
    La vie a peur et court follement sur le quai
    Loin de...

  • Sois pure comme la rosée,
    Comme le ciel que tu reflètes ;
    Sois légère aux herbes brisées,
    Ame tremblante du poète.

    Colore-toi du sang de l'aube,
    Scintille en larme aux cils des feuilles ;
    Et si des roses te recueillent,
    Qu'une vierge cueille ces roses.

    Sois lumineuse et résignée,
    Rafraîchis le pied qui te foule ;
    Souris au...

  • L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage,
    Car chacun de nous deux a peur du même instant.
    " Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant...
    Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage...

    Je te devine proche au feu de ton visage.
    Ma tempe en fièvre bat contre ton coeur battant.
    Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant...

  • Le vent est doux comme une main de femme,
    Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
    L'oiseau bleu s'envole et voile sa voix,
    Les lys royaux s'effeuillent dans mon âme ;

    Au clavecin s'alanguissent les gammes,
    Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;
    Le vent est doux comme une main de femme,
    Le vent du soir qui coule dans mes doigts....

  • Comme petits enfants d'une larve outrageuse,
    D'un fantôme, ou d'un masque, ainsi nous avons peur,
    Et redoutons ta mort, la concevant au coeur
    Telle comme on la fait, hâve, triste, et affreuse :

    Comme il plaît à la main ou loyale, ou trompeuse
    Du graveur, du tailleur, ou du peintre flatteur
    La nous représenter sur un tableau menteur,
    Nous l'...

  • Fagoté plaisamment comme un vrai Simonnet,
    Pied chaussé, l'autre nu, main au nez, l'autre en poche,
    J'arpente un vieux grenier, portant sur ma caboche
    Un coffin de Hollande en guise de bonnet.

    Là, faisant quelque fois le saut du sansonnet,
    Et dandinant du cul comme un sonneur de cloche,
    Je m'égueule de rire, écrivant d'une broche
    En mots de Pathelin...

  • Comme on voit en été une bruyante nue
    Que le roide Aquilon va parmi l'air roulant,
    Pleine de tous côtés se crever grommelant,
    Et vomir le discord qui la rendait émue,

    Tantôt embraser l'air d'une flamme inconnue,
    Tantôt semer la grêle et d'un tour violent,
    Rouer un tourbillon qui noir se dévalant
    Enveloppe le chef d'une roche chenue,

    ...

  • Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,
    En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,
    Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
    Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose ;

    La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,
    Embasmant les jardins et les arbres d'odeur ;
    Mais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,
    Languissante elle...

  • Comme un chevreuil, quand le printemps destruit
    L'oyseux crystal de la morne gelée,
    Pour mieulx brouster l'herbette emmielée
    Hors de son boys avec l'Aube s'en fuit,

    Et seul, et seur, loing de chiens et de bruit,
    Or sur un mont, or dans une vallée,
    Or pres d'une onde à l'escart recelée,
    Libre follastre où son pied le conduit ;

    De retz ne...