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    Poème couronné par l’Académie des Jeux floraux du Languedoc.

    À M l’abbé J.―Eugène Martin.

    Nous sommes sur le fier plateau du mont Sainte-Anne.
    Devant nous, vers le sud, dans la mer calme et plane
    ― D’où semble s’élever un suave sanglot ―
    Ainsi qu’un colossal et muet cachalot
    Émergeant des flots bleus, l’île Bonaventure
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    Ainsi que le poète, ô sculpteur inspiré,
    Vous aimez errer seul au bord du flot qui tonne,
    A gravir les sommets dont la hauteur étonne,
    A suivre du regard le nuage doré.

    De rêves, comme lui, vous êtes enivré.
    Vous tenez à vos pieds le nimbe et la couronne,
    Et votre main, toujours sévère, ne les donne
    Qu’à ceux pour qui l’honneur est un fleuron...

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    Vous avez recueilli des mains d’un roi mourant
    — Qui chérissait en vous la perle des compagnes,
    Et qui de ses sujets fut le doux conquérant ―
    Le sceptre altier sous qui bat le cœur des Espagnes.

    Vous l’avez accepté pour votre jeune enfant.
    C’était un legs bien lourd, ô grande et noble veuve !
    Aussi, devant la croix avez-vous bien souvent
    ...

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    À l’occasion de son retour d’Europe.

    Quand le drapeau français, que la gloire illumine,
    S’envola du sommet de nos murs en ruine,
    Au milieu des navrants sanglots d’un peuple enfant,
    Que l’Amérique avait toujours vu triomphant,
    Aux bords du Saint-Laurent, dédaignés de Voltaire
    Et convoités depuis cent ans par l’Angleterre,
    Nos...

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    Tu voulais recueillir, comme en un reliquaire,
    Les noms des vétérans du groupe audacieux
    Qui s’obstine à lutter pour garder sous nos cieux
    Le verbe si fécond de la France, ta mère.

    Tu fis un livre aussi viril que gracieux,
    Une œuvre de justice, une œuvre salutaire.
    Et la Gloire, là-bas, au pays des aïeux,
    Hier, a sur ton chef posé sa main...

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    Dans l’arbre surplombant la cataracte blanche
    Dont les grondements sourds attristent les échos,
    Le chantre de l’été parfois le soir se penche
    Et mêle sa cantate aux mille bruits des flots.

    Ô merveille ! bientôt la limpide avalanche,
    Pour entendre monter dans l’air les trémolos
    Que le doux rossignol fait pleuvoir de la branche,
    Semble...

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    Le soleil est toujours brûlant ; et les blés d’or,
    Autour des seuils, au bord des eaux, le long des sentes,
    Au souffle assoupissant du fiévreux Thermidor
    Balancent tristement leurs ondes languissantes.

    Avec les blés les fruits, déjà mûrs, charment l’œil.
    L’ombreux verger rougeoie, et le pré chaud rayonne.
    Notre terre féconde étale avec orgueil...

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    Le soleil est tombé derrière la colline
    Que reflètent les eaux limpides du lac bleu.
    Le jour agonisant jette comme un adieu
    Quelques lambeaux de pourpre à l’onde cristalline.

    Des flots vers l’éther monte une brume opaline,
    Comme l’encens s’élève aux voûtes du saint lieu.
    L’or du couchant s’altère et pâlit peu à peu.
    Sous le taillis du bord la...

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    Germinal a fondu la neige, les glaçons,
    Et, pour chasser autans, brouillards et feuilles sèches,
    Pour rendre à la forêt sa sève et ses chansons,
    Le soleil lancera demain toutes ses flèches !

    Les grands bœufs amaigris ont déserté leurs crèches
    Pour paître en liberté les renaissants gazons ;
    Et les troupeaux bêlants vont mirant leurs toisons
    Au...

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    À Madame D.-G. Garon.

    À Percé. ― Le soleil est couché. Tout s’endort
    Sur la plage. La mer à peine se balance
    Autour du Roc géant où lentement commence
    De s’étendre la nuit pâle de Thermidor.

    Déjà les goélands ont ployé leur essor,
    Et le dernier pêcheur vient de rentrer dans l’Anse
    C’est l’heure du souper, et des toits blancs s...