• Après les vents, après le triste orage,
    Après l'yver, qui de ravines d'eaux
    Avoit noyé des boeufs le labourage,

    Voicy venir les ventelets nouveaux
    Du beau printemps : desja dedans leur rive
    Se vont serrer les éclarcis ruisseaux.

    Mon Dieu, pour moy cette saison n'arrive.
    Le triste yver dure tousjours pour moy.
    Si bien Amour de mon...

  • Quoy ? qu'est ce ? ô vans, ô nuës, ô l'orage !
    A point nommé, quand moy d'elle aprochant,
    Les bois, les monts, les baisses vois tranchant,
    Sur moy, d'aguest, vous passez vostre rage.

    Ores mon coeur s'embrase d'avantage.
    Allez, allez faire peur au marchant
    Qui dans la mer les thresors va cherchant :
    Ce n'est ainsi qu'on m'abbat le courage.

    ...

  • A la merci des vents, des flots, et de l'orage,
    Je vogue sur la mer de peine et de douleur,
    J'ai pour pilote amour, pour fanal le malheur,
    Pour compagnon les pleurs, les regrets et la rage.

    Les vents des espoirs vains m'éloignent du rivage,
    L'Amour me vend aux vents et sous belle couleur
    De me prêter son aide, il s'aide de la leur
    Pour me rompre...

  • En tous maux que peut faire un amoureux orage
    Pleuvoir dessus ma tête, il me plaît d'assurer
    Et séréner mon front, et sans deuil mesurer
    De l'âme l'allégresse à celle du visage.

    Ta fille tendrelette admirable en cet âge
    Où elle tette encor, vient tes coups endurer
    Sur ses petites mains, sans crier, sans pleurer,
    Sans frayeur, sans aigrir visage ni...

  • Quel tourment, quelle ardeur, quelle horreur, quel orage
    Afflige, brûle, étonne et saccage mes sens ?
    Ah ! c'est pour ne pouvoir en l'ardeur que je sens
    Adorer ma déesse. Est-il plus grande rage ?

    Servir, parler et voir, dévot lui rendre hommage,
    Se brûler au brasier de ces flambeaux luisants,
    Pourrait anéantir tous mes travaux présents,
    Mais las !...

  • Comme le marinier, que le cruel orage
    A longtemps agité dessus la haute mer,
    Ayant finalement à force de ramer
    Garanti son vaisseau du danger du naufrage,

    Regarde sur le port, sans plus craindre la rage
    Des vagues ni des vents, les ondes écumer ;
    Et quelqu'autre bien loin, au danger d'abîmer,
    En vain tendre les mains vers le front du rivage :
    ...