O le clair matin, la belle gelée !
Un soleil d’argent sur la plaine blanche
Verse une clarté frileuse et voilée :
On sonne la messe à toute volée :
O la bonne bise, ô le beau dimanche !

Sur les arbres morts aux ramures nues
En fins diamants resplendit le...

Quand Vénus au reflet d’opale
Brillera de loin sur nos fronts,
Quand viendra l’heure, nous irons,
Comme au hasard, dans le soir pâle.

Je marcherai dans les sillons,
Tu t’en viendras par la prairie ;
Moi, sous un vol impur qui crie,
Toi, sous l’essaim...

Poet: Léon Dierx

Il dort, le blanc vieillard, dans son manteau vermeil ;
L’Abeille de Sagesse à ses lèvres murmure.
Guerrier depuis longtemps libre de son armure,
De grands ressouvenirs agitent son sommeil.

Il dort environné du royal appareil,
Par les siècles l’ayant gardé sans...

Un Christ en croix, saignant, maigre, pâle, livide.
Il est seul, déserté de tous ; le ciel est vide :
Ce ciel qu’il évoquait d’un regard éperdu :
Ne s’est pas entr’ouvert et n’a rien répondu :
Et ce Christ est-il mort dans l’angoisse suprême,
Ayant douté de nous, de...

Poet: Jean Lahor

La jeunesse en sa fleur première :
L’orgueil farouche du devoir ;
L’impatience de savoir,
Jugeant courte une vie entière ;

Tout ce qui parle de lumière ;
Tout ce qui répugne à déchoir ;
Tout ce qui peut germer d’espoir :
Nous avons tout mis dans la...

O la rafraîchissante et consolante idée,
Mourir ! trouver enfin le silence et la nuit,
Fermer mes yeux au jour mes oreilles au bruit,
Vider la coupe noire à ma soif accordée,

Dormir, oublier ! puis, toute l’éternité,
Rêver d’amour sans fin, rêver de paix sans lutte...

Le soleil de juillet flétrit la marguerite
Et pèse lourdement au front du bouton d’or.
La brise au plus profond des bois muets s’abrite :
Le soleil luit toujours, le soleil luit encor !

Dans les prés à demi desséchés, rien ne bouge ;
Pas un bruit n’interrompt le...

N’avoir qu’une pensée et ne pouvoir la dire,
Souffrir d’un mal unique et n’oser le montrer,
Et sentir en son cœur les nœuds se resserrer,
Et voir de devant soi l’espoir qui se retire !

— Chaque jour vient plus lourd et plus vide s’en va ;
Comme au soir, sur la...

Le char de Savitri par le silence noir
Fait poudroyer de feu sa route solennelle.
Au front de l’Imaüs l’Aube tente son aile
Jusqu’au baiser du dieu pleine de nonchaloir.

Savitri créateur, Soleil, vaincu du soir,
A flot va s’épancher le jour de ta prunelle.
Le...

La droite en votre sein, retiré dans la tente
Que forme autour de vous l’eau des nuages noirs,
Vous vous taisez, Seigneur ! votre gloire éclatante
Ne fendra-t-elle plus les sacrés réservoirs ?

Vos ennemis, portant l’orgueil sur leurs visages,
Ne cachent même plus...