• L'hostie est comme un clair de lune dans l'église.
    Or les songeurs errants et les extasiés
    Qui vont par les jardins où dans une ombre grise
    Des papillons fripés meurent sur les rosiers,

    Ceux que la nuit pieuse a pour catéchumènes
    Regardant l'astre à la chevelure d'argent
    Peu à peu croient y voir un sourire indulgent,
    Un visage d'aïeule et des lèvres...

  • Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
    Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
    Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
    Avec un long sourire où miroitent tes dents...
    Je t?enlace ; j?ai comme un peu de l?âpre joie
    Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
    Tu souris... je te tiens pâle et l?âme perdue
    De se sentir au...

  • Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid,
    Les yeux sur ton profil, je songe à l?infini...

    Immobile sur les coussins brodés, j?évoque
    L?enchantement ancien, la radieuse époque,
    Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés !

    Et je revis, parmi les objets imprégnés
    De ton parfum intime et cher, l?ancienne année
    Celle qui flotte encor dans ta...

  • Mon coeur est comme un Hérode morne et pâle,
    Un Salomon somptueux, triste et puissant
    Qui suit d?un oeil magnifique et languissant
    Les ballets infinis dans les hautes salles.

    Rêve sans fin, les plus belles ont passé,
    Portant des noms si doux qu?ils font chanter l?âme.
    Le roi s?ennuie à voir tourner ses femmes,
    Roses de feu, les plus chaudes l?ont glacé...

  • Comme un père en ses bras tient une enfant bercée
    Et doucement la serre, et, loin des curieux,
    S?arrête au coin d?un mur pour lui baiser les yeux,
    Je te porte couvée au secret de mon âme,
    Ô toi que j?élus douce entre toutes les femmes,
    Et qui marches, suave, en tes parfums flottants.

    Les soirs fuyants et fins aux ciels inconsistants
    Où défaille et s?en...

  • Ton Souvenir est comme un livre bien aimé,
    Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé,
    Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante
    D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente.

    Je voudrais, convoitant l'impossible en mes voeux,
    Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ;
    Ciseler avec l'art patient des orfèvres
    Une phrase...

  • Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre
    Anime la fin d'un beau jour,
    Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre.
    Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
    Peut-être avant que l'heure en cercle promenée
    Ait posé sur l'émail brillant,
    Dans les soixante pas où sa route est bornée,
    Son pied sonore et vigilant,
    Le sommeil du tombeau pressera ma...

  • Comme un qui s'est perdu dans la forest profonde
    Loing de chemin, d'orée et d'adresse, et de gens :
    Comme un qui en la mer grosse d'horribles vens,
    Se voit presque engloutir des grans vagues de l'onde :

    Comme un qui erre aux champs, lors que la nuict au monde
    Ravit toute clarté, j'avois perdu long temps
    Voye, route, et lumiere, et presque avec le sens,
    ...

  • Comme un corps féminin que la mère Nature
    N'a point favorisé de présent gracieux
    S'efforce vainement, d'un art industrieux,
    A vouloir déguiser sa première figure,

    Ainsi l'illustre honneur par qui ma vie endure,
    Sans être atteint du dard du premier né des dieux,
    S'ombre inutilement pour complaire à mes yeux,
    Car la bonne amitié n'a point de...

  • D'un buveur d'eau, comme avez débattu,
    Le sang n'est point de glace revêtu,
    Mais si bouillant et si chaud au contraire
    Que chaque veine est en eux une artère
    Pleine de sang, de force et de vertu.

    Le feu par l'eau faiblement combattu,
    Croissant sa force au lieu d'être abattu,
    Va redoublant la chaleur ordinaire
    D'un buveur d'eau.

    ...