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          Ma foi, vous avez bien raison,
          Vous pour qui tout est floraison
               Et violettes
          Parfumant les pieds de vos lys,
          De ne pas célébrer Phyllis
               En odelettes.

          Vous qui pouvez chaque matin,
          Bercé par le flot de satin
               Qui vous arrose,
          Voir dans l’or de votre salon...

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    Allons, insoucieuse, ô ma folle compagne,
    Voici que l’hiver sombre attriste la campagne,
    Rentrons fouler tous deux les splendides coussins ;
    C’est le moment de voir le feu briller dans l’âtre ;
    La bise vient ; j’ai peur de son baiser bleuâtre
             Pour la peau blanche de tes seins.

    Allons chercher tous deux la caresse frileuse.
    Notre lit...

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    Enfant au hasard vêtu,
         D'où viens-tu
    Avec ta chanson bizarre ?
    D'où viennent à l'unisson
          Ta chanson,
    Ta chanson et ta guitare ?

    Tu livres au doigt vermeil
         Du soleil,
    Qui les dore et les caresse,
    Tes longs cheveux emmêlés,
         Crespelés
    Comme ceux d'une Déesse.

    D'où vient ce front soucieux,...

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    Ô Vénus de Milo, guerrière au flanc nerveux,
    Dont le front irrité sous vos divins cheveux
    Songe, et dont une flamme embrase la paupière,
    Calme éblouissement, grand poème de pierre,
    Débordement de vie avec art compensé,
    Vous qui depuis mille ans avez toujours pensé,
    J’adore votre bouche où le courroux flamboie
    Et vos seins frémissants d’une...

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    Sur ton front brun comme la nuit,
    Maître, aucun fil d’argent ne luit,
    Et nul Décembre sacrilège,
             Ne met sa neige.

    Pourtant, dans ton labeur sacré,
    Tu te vois déjà vénéré,
    Ô génie immense et tranquille,
             Comme un Eschyle.

    À ta lèvre où passe un rayon
    De la charmante Illusion,
    La Gloire, innocente comme elle...

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          Ma sœur, ma sœur, n’est-il pas de défense
               Contre l’affront du temps ?
          Qui les a pris, ces jours de notre enfance
               Où, les cheveux flottants,

          Beaux, enviés par les mères jalouses,
               Couple au regard vermeil,
          Tu me suivais à travers les pelouses,
               Malgré le grand soleil ?

    ...
  • O cher Paris, toi vers qui l’univers
    Tourne ses yeux et son âme ravie,
    Toi qui chéris la peinture et les vers,
    J’ai pour le mieux contenté mon envie
    De te montrer des Scènes de la Vie.
    Oh ! que ne puis-je, écolier de Marot,
    Te les conter aussi bien que Perrault !
    Car c’est pour toi que notre esprit s’...

  • Pendant ce triſte Octobre pluvieux,
    Que le ciel mouille & que le vent balaie,
    Mon livre, jeune en même temps que vieux,
    Où notre ſiècle a vu ſaigner ſa plaie,
    Comme il convient, fut imprimé chez Claye.
    Il ne contient ni fiel, ni lâchetés.
    Duſſent rugir les tigres tachetés,
    Et les ſerpents mordre...

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                      Aimons-nous et dormons
                Sans songer au reste du monde !
          Ni le flot de la mer, ni l’ouragan des monts,
                      Tant que nous nous aimons
                Ne courbera ta tête blonde,
                      Car l’amour est plus fort
                      Que les Dieux et la Mort !

                      Le soleil s’...

  • Ce calme Célio, ce fils de la Chimère
    Qui passa comme un rêve, et qu'on pleure aujourd'hui,
    Ce jeune homme pensif, beau comme un dieu d'Homère,
    Je l'ai connu ; je veux parler encor de lui.

    Mais parmi nous, d'ailleurs, son image est vivante !
    Terrible, et secouant dans l'air un feu subtil,
    Sa lourde chevelure inspirait l'épouvante,
    Et sa bouche, ô...