• En vain Midi sur les cieux
    Tend ses lumineuses toiles ;
    Je cherche toujours leurs yeux
    Dans les couchants pleins d’étoiles.

    A la première allumée
    Sur le bord de l’horizon
    Je donne en pleurant ton nom,
    Ma première bien-aimée !

    Le regard descend sur moi
    De celle qui t’a suivie
    Et me rend l’ancien émoi :
    Car celle-là prit ma vie...

  •  
    QUAND les printemps m’étaient joyeux
    Prenant leur azur à tes yeux
    Pleins d’une éternelle promesse,
    Les clochettes des lilas blancs,
    Dans la brise, à nos cœurs tremblants
    Chantaient une amoureuse messe.

    Des alléluias infinis
    Montaient des buissons pleins de nids,
    Et le cœur odorant des roses
    Se balançait dans l’air du soir
    ...

  •  
    MAI passe dans les champs comme un enfant de chœur,
    De ses petites mains versant avec délices,
    Dans les grands lys ouverts ainsi que des calices,
    Des larmes du matin la céleste liqueur.

    Devant l’ostensoir d’or que le soleil vainqueur
    Dresse sous le dais bleu du ciel aux azurs lisses
    Comme un enfant de chœur sous ses blanches pelisses
    Mai s’...

  •  
    I

    LE bleu du ciel pâlit. Comme un cygne émergeant
    D’un grand fleuve d’azur, l’Aube, parmi la brume,
    Secoue à l’horizon les blancheurs de sa plume
    Et flagelle l’air vif de son aile d’argent.

    Un long tressaillement autour d’elle s’éveille,
    Et, par flots onduleux jusqu’au zénith monté,
    Dans l’azur transparent déroule la merveille
    Des...

  •  
    La gloire du matin monte dans les cieux calmes
    Et ferme, en souriant, les ailes du sommeil,
    Et le jour triomphant pose son pied vermeil
    Sur les nuages blancs...

  •  
    O Mer, sinistre Mer que la bise d’automne
    Secoue et fait claquer ainsi qu’un vain lambeau ;
    O Mer, joyeuse Mer, magnifique manteau
    Qu’agrafe le Soleil aux flancs nus de Latone ;

    O Mer, sinistre Mer dont les gémissements
    Troublent l’esprit nocturne attardé sur les grèves ;
    O Mer, joyeuse Mer qui, pour bercer les rêves,
    As des bruits de baisers...

  •  
    SOUS les premiers soleils qui déchirent la nue
    L’air plus doux s’allanguit de parfums hésitants.
    Ô mon unique amour, que ne t’ai-je connue
    Sur le seuil embaumé d’un éternel printemps !

    L’air plus doux s’allanguit de parfums hésitants :
    Déjà l’âme des fleurs frissonne sous la terre.
    Sur le seuil embaumé d’un éternel printemps
    Comme un lys eut...

  •  
    JE veux que le matin l’ignore
    Le nom que j’ai dit à la nuit,
    Et qu’au vent de l’aube, sans bruit
    Comme une larme il s’évapore.

    Je veux que le jour le proclame
    L’amour qu’au matin j’ai caché,
    Et, sur mon cœur ouvert penché,
    Ainsi qu’un grain d’encens l’enflamme.

    Je veux que le couchant l’oublie
    Le secret que j’ai dit au jour
    ...

  •  
    On dirait que la Terre a bu le sang des lis
    Et d’un deuil éclatant voile cette hécatombe,
    Car déjà la blancheur des marbres clôt la tombe
    Où dorment pour longtemps ces doux ensevelis.

    Je t’adore, ô pâleur des vierges trépassées
    Dans l’éblouissement des rêves amoureux,
    Emportant dans l’azur les essors douloureux
    De leur âme pareille aux...

  •  
    Sur l’eau morte et pareille aux espaces arides
    Où le palmier surgit dans les sables brûlants,
    Le nénuphar emplit de parfums somnolents
    L’air pesant où s’endort le vol des cantharides.

    Sur l’eau morte à l’aspect uni comme les flancs
    D’une vierge qui montre aux cieux son corps sans rides,
    Le nénuphar, nombril des chastes néréides,
    Creuse la...