• I

    Le navire est immense, un peuple entier l’habite ;
    D’après un plan divin sa charpente est construite ;
    L’homme en a pris le bois aux plus divers climats,
    Cent ans n’ont pas suffi pour en dresser les mâts.
    Nul ne connaît son port, son vrai nom, ni son âge ;
    Ses hôtes les plus vieux sont nés dans le voyage.
    Pourtant un récit...

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    L’espace est envahi par une ombre glacée
    Où tremblent les contours de la forme effacée ;
    Et la brume automnale, éteignant les couleurs,
    Jette sur tous les fronts ses livides pâleurs.
    Les arbres, les grands bœufs, les bouviers sur le chaume,
    Tout prend sous ces vapeurs un aspect de fantôme ;
    Tout s’enfonce et tout fuit : dans l’âtre le grillon,
    ...

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    I

    Les urnes, les trépieds, les flambeaux étincellent
    Dans le festin d’Hérode, et les fleurs s’amoncellent.
    Des hôtes accoudés les robes à longs plis
    Jettent mille couleurs sur la pourpre des lits.
    Les échansons, levant à deux mains les amphores,
    Versent les vins mielleux ; les blanches canéphores,
    Dans les paniers tressés d’argent flexible et...

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    Dans mon verger clos de buis,
             Où je puis
    Tout surveiller de ma chambre,
    Mes deux pommiers — quel malheur ! ―
             Sont en fleur...
    Et nous touchons à novembre.

    Un caprice, un faux réveil
             Du soleil
    Au printemps leur a fait croire ;
    Et les fleurs imprudemment,
             Un moment,
    Ont blanchi l'écorce...

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    I

    L’air est pesant, le ciel est gris ; la route ardue
    Tourne autour d’un abîme, étroite et suspendue.
    Point d’arbres et point d’eau, pas un brin de gazon.
    Les cratères éteints qui ferment l’horizon
    Sont fouillés par la foudre et l’ouragan charrie
    Des flots de sable rouge et de noire scorie.
    Les loups et les chacals, ayant flairé le vent,...

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    Il est une vallée où l’harmonie habite ;
    Un dieu veille à sa porte, à nos pas interdite :
    L’esprit seul dans son vol, emporté loin du temps,
    Aux clartés de l’amour l’entrevoit par instants :
    Quel que soit le doux nom dont chaque âge la nomme,
    Sa pensée est vivante au fond du cœur de l’homme ;
    Mais à la contempler nul ne peut définir
    Si c’est...

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    Avril en fleur nous invite à l’espoir ;
    Sur nos pommiers l’oiseau s’est fait entendre ;
    C’est le printemps !... J’ai cru ne pas le voir...
    A son appel mon cœur se laisse prendre.

    Je vais aux champs : le soleil est si beau,
    Tout est si vert et si gonflé de sève !
    Je me sens vivre à la fin d’un long rêve ;
    Peut-être aussi j’aurai mon renouveau...

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    La voix du coq et de l’aurore
    A réveillé le moissonneur ;
    Mais rien ici ne bouge encore,
    Hors moi seul, oisif promeneur.

    Pas un frisson, pas une haleine
    N’ont ridé l’or des blés épais ;
    Pas un bruit dans l’immense plaine ;
    La nature entière est en paix.

    On dirait que tout se repose :
    Non, tout se hâte avec lenteur ;
    L’Esprit...

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    I

    Or, coupable d’amour, de charité féconde,
    Jésus devint en haine aux puissants de ce monde.
    Chaque nouveau miracle, obtenu par la foi,
    Semblait un nouveau crime aux docteurs de la loi.
    Les pains multipliés, les guérisons célèbres,
    Tout, à leurs yeux jaloux, est œuvre de ténèbres :
    Jésus n’observait point le repos du sabbat ;
    Il avait...

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    Pologne, encore un flot de ce sang indompté
    Si bien connu du Christ et de la liberté !
    Ah ! jamais tes soldats, tes martyrs que je prie,
    N’ont mieux conquis le droit d’avoir une patrie
    Qu’à l’heure où, sans frapper et sans parer les coups,
    Ces vaillants pour mourir se sont mis à genoux.
    Non ! pas même en ces jours de croisade sans trêve,
    Où l’...