La vie et la douleur m’ont appris la sagesse,
La voici : l’amour est mortel.
Il meurt même avant nous, et l’homme, en sa détresse,
N’a point d’ennemi plus cruel.
Qu’est-ce donc que la vie ?...
La vie et la douleur m’ont appris la sagesse,
La voici : l’amour est mortel.
Il meurt même avant nous, et l’homme, en sa détresse,
N’a point d’ennemi plus cruel.
Qu’est-ce donc que la vie ?...
O pauvre oiseau blessé, mis à mort par la vie !
Cœur qui battais trop fort, cœur trop doux et trop fier,
Te voilà replié sous ton aile engourdie
Et tu ne sais plus rien des souffrances d’hier.
Quoi ! la rigidité ! Quoi ! la paix immobile !
Quoi ! le combat cessé ! Quoi ! la trêve de Dieu !
O lutteur désarmé de ta force inutile
Et qui te réservais ton...
S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévoûment,
Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
Si l’espoir de...
Oh ! non, pas un blasphème et pas un désaveu,
Mais je tombe, Seigneur, et je me désespère,
Mais quand ils ont planté le gibet du Calvaire,
C’est dans mon cœur ouvert qu’ils enfonçaient le pieu.
Crois-tu que je t’aimais, moi, dont le manteau bleu
T’abrita quatorze ans comme un fils de la terre ?
Oh ! pourquoi, juste ciel, lui donner une mère,
Qu’en...
Poëte, dors en paix : l’épreuve est terminée ;
Les lauriers sur ta tombe ont fleuri jusqu’au bout,
Mais près d’eux a poussé l’Envie, et chaque année
Voit naître maintenant quelque sourde menée
Pour ébranler le socle où ta gloire est debout.
Ceux-ci, — les plus adroits, pour nuire à cette gloire,
Quand l’écho t’applaudit font semblant d’être sourds ;
...
Je vous ai raconté comment mon pauvre cœur,
Un matin, fut guéri d’une longue souffrance ;
Comment l’amour lassé, cachant l’indifférence,
D’une tendre amitié prit le masque trompeur.
Ce cœur si bien guéri tombe en votre puissance ;
Mais vous, douce Ninon, je vous aime sans peur,
Car dans notre amitié l’amour a pris naissance,
Comme un arbre greffé...
Tout ce qui charme est sur tes lèvres :
Les mots émus qu’on dit tout bas
Et ceux qui prennent leur ébats,
Partant, courant comme des lièvres ;
Le doux pli qui, tendre ou moqueur,
Égaie ou console mon cœur ;
La caresse dont tu me sèvres
Pour m’irriter ou m’apaiser :
Parole, sourire et baiser,
Tout ce qui charme est sur tes lèvres.
Tu n’as pas voulu quand j’avais vingt ans ;
Tu n’as pas voulu dans le temps des roses
Où, n’ayant souci des plus douces choses,
Je n’aimais que toi de tout le printemps ;
Où j’aurais franchi les monts et les plaines
Pour te voir une heure et m’en retourner,
Où ma vie entière était à donner,
Où mon avenir avait les mains pleines.
J’allais devant...
Quand vous voyez celui qui vous aime apparaître
Si courbé devant vous, le front si triste et bas,
Quand vous sentez sa vie attachée à vos pas…
Vous vous dites sans doute, en souriant peut-être :
Pourquoi m’aime-t-il donc, moi qui ne l’aime pas ?
Oh ! ne le plaignez pas ! Si fort qu’on lui résiste,
Si loin qu’on le repousse, il aime ses douleurs ;
Et...
Reste ainsi, ne fais pas un geste,
Ne quitte pas ton escabeau ;
Poursuis ta besogne modeste,
A côté d’un pâle flambeau.
Mon cœur est plein, mon œil se mouille,
Lorsque, seule et baissant les yeux,
Je te vois filer ta quenouille
A ce foyer silencieux.
Les obscures vertus de l’âme,
Le dévoûment et la bonté,
Prêtent au front de l’...