Le Parnasse contemporain/1876/Un suicide

O pauvre oiseau blessé, mis à mort par la vie !
Cœur qui battais trop fort, cœur trop doux et trop fier,
Te voilà replié sous ton aile engourdie
Et tu ne sais plus rien des souffrances d’hier.

Quoi ! la rigidité ! Quoi ! la paix immobile !
Quoi ! le combat cessé ! Quoi ! la trêve de Dieu !
O lutteur désarmé de ta force inutile
Et qui te réservais ton dernier coup de feu !

Qu’attendais-tu du monde et que voulait ton âme ?
Que te disait ta fièvre et qu’as-tu donc cru voir
Pour t’être enveloppée en ton secret de femme ?
Silence, larmes, sang, pourpre du désespoir !

Qu’attendais-tu du monde en ton rude courage ?
Quels soleils autrefois t’étaient donc apparus ?
O vous tous qui passez, qu’aucun mépris n’outrage
Ce sanglot ignoré qui ne tressaille plus !

Collection: 
1971

More from Poet

  • Les perdus, les absents, les morts que fait la vie,
    Ces fantômes d'un jour si longuement pleurés,
    Reparaissent en rêve avec leur voix amie,
    Le piège étincelant des regards adorés.

    Les amours prisonniers prennent tous leur volée,
    La nuit tient la revanche éclatante...

  • O pauvre oiseau blessé, mis à mort par la vie !
    Cœur qui battais trop fort, cœur trop doux et trop fier,
    Te voilà replié sous ton aile engourdie
    Et tu ne sais plus rien des souffrances d’hier.

    Quoi ! la rigidité ! Quoi ! la paix immobile !
    Quoi ! le combat cessé !...

  • Le grand travail est fait, l’effort est consommé,
    La victoire est gagnée et la paix obtenue,
    La tranquille douceur des soirs est survenue ;
    Pardonnant et priant, le cœur a désarmé !

    L’entier détachement de tous et de soi-même
    A clos le sacrifice et scellé le passé...

  • Comme une sombre histoire encor douce & chérie
    Laisse nos deux noms sommeiller !
    Du mal d’avoir aimé je ne suis point guérie :
    Je ne veux point me réveiller...

  • Comptons-nous ! il n’est plus permis d’être en arrière !
    Comptons-nous ! ce temps sombre a besoin de lumière !
    Ceux qui sont nés les chefs, les maîtres, les premiers,
    Doivent secours au faible, aide et force aux derniers.
    Nous vaincrons ! la justice est immortelle et sûre...