Je pensais que mon coeur échappé du naufrage
Dût être maintenant un peu plus avisé,
Mais quoi ! plus on le trompe et moins il est rusé,
Plus il vieillit au monde et moins il devient sage.
Revoyant la mer calme et le ciel sans nuage
Il se remit au vent qui l'avait maitrisé :
Hélas il te faudrait, pauvre coeur abusé,
Avoir de la fortune autant que...
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Sommeil, fils de la Nuit, doux repos de notre âme,
Qui fait ma belle Nymphe en son lit reposer,
Puisque ton charme peut son esprit amuser,
Plonge dans l'eau d'oubli le courroux qui l'enflamme.
Fais-lui voir en dormant le regret qui me ronge,
La portant au réveil de la haine à l'amour,
Si bien qu'en revoyant la lumière du jour,
Elle aille racontant... -
Quand je veux mesurer votre auguste hautesse
A l'état abaissé de mon coeur langoureux,
Je me plains de l'amour, ce tyran rigoureux,
Qui par si haut objet abusa ma jeunesse,
D'autant que le penser qui m'élève sans cesse
Presque ne peut atteindre à cet astre amoureux,
Tant que hors d'espérance, il me faut, malheureux,
Redoutant le destin maudir' la... -
Ô Nuit plaisante et sereine,
Viens découvrir à nos yeux
Ton beau char qui se pourmène
Par les campagnes des cieux.
Sors de ta caverne obscure
Dans le saphir éclatant,
Pendant qu'en cette verdure
Je vais ton los racontant.
Rallume ta clarté sainte,
Que le grand Soleil jaloux
Avait par sa flamme éteinte,
Passant à midi sur nous,... -
Doux sommeil enchanteur qui silles la paupière
De celle que je vois doucement reposer,
Veuille d'avec son coeur la haine diviser
Qui la rend contre moi si cruelle et si fière,
Fais-lui voir en songeant mon âme prisonnière
Qu'un brûlant repentir vient partout embraser,
Et si cela ne peut son courroux apaiser,
Fais-moi voir à ses pieds sans vie et... -
Amour m'a fait un second Prométhée
Que le vautour va sans fin dévorant,
Un papillon qui va s'enamourant
De la clarté qui lui est présentée,
Un seul Phénix à la flamme apprêtée
Qui pour autrui tout soudain va mourant,
Icare aussi dont la chute éventé
Refroidit ceux qui haut vont aspirant,
Je suis encore un Tantal' misérable,
Sisyph... -
Puissante déité, redoutable Inconstance,
Qui par tout l'Univers dissout nos liaisons,
Fille unique du Temps, reine des horizons,
Qui même des rochers brave la résistance,
Enfin le grand Soleil aime ton inconstance,
Et se plaît de la suivre en diverses maisons,
Comme l'an à courir par ses quatre saisons,
Mesurant de leur tour l'une et l'autre... -
Je suis en ces déserts l'amoureuse Clytie,
Qui suis jusques au soir mon Soleil radieux,
Dont la jalouse ardeur d'un amour furieux
Fut cause que je suis en souci convertie.
Quand de mon horizon sa lumière est partie,
Et que l'obscure nuit la dérobe à mes yeux,
De pleurs j'émeus la terre et de soupirs les cieux,
Tant que par son retour ma peine est... -
Plaignez-moi, chers amants, que le ciel adversaire
Jadis a transformés dans ce bois solitaire
En arbres et en fleurs,
Et toi plaisant, Narcis, quitte un peu ta fontaine,
Si tu veux voir d'Amour la figure certaine,
Mire-toi dans mes pleurs !
Je me plais au travail que sans cesse j'endure,
Avec ces hauts sapins mon désir se mesure
Et s'accroît tous... -
Augmentez mes tourments, faites languir mon âme,
Joignez votre mépris aux rigueurs de mon sort,
Au lieu de votre objet faites-moi voir la mort,
Et trempez de poison la flèche qui m'étonne.
Soyez sourde à mes cris lorsque je vous réclame,
Me remplissant de crainte au lieu de réconfort,
Émouvez la tempête et m'éloignez du port,
Opposez votre glace...