Passants, je me souviens du crépuscule vert
Où glissent lentement les ombres sous-marines,
Où les algues de jade au calice entr’ouvert
Étreignent de leurs bras fluides les ruines
Des vaisseaux autrefois pesants d’ivoire et d’or.
Je me...
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Ivre du vin des chants ainsi qu’une Bacchante,
Elle a loué la terre et les Dieux tour à tour,
La femme aux yeux d’amant, Corinne triomphante.Sa voix a déchaîné les angoisses d’amour :
Les flammes du soleil ont brûlé dans ses veines.Elle...
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Éloignez de mes yeux les flamboiements barbares
Du Rouge, cri de sang que jettent les fanfares.Éteignez la splendeur du Jaune, cri de l’or,
Où le soleil persiste et ressurgit encor.Écartez le sourire invincible du Rose,
Qui jaillit de... -
Contemple les couleurs des ténèbres. Tes yeux
Sauront, comme les miens, interpréter les cieux.J’ai vu le violet des nuits graves et douces,
Le vert des nuits de paix, la flamme des nuits rousses.J’ai vu s’épanouir, rose comme une fleur,...
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De leurs pieds fleuris les femmes de la Crète
Pressent le duvet de l’herbe du printemps :
Je les vois livrer à la brise inquiète
Leurs cheveux flottants.Leur...
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Douceur de mes chants, allons vers Mytilène,
Voici que mon âme a repris son essor,
Nocturne et craintive ainsi qu’une phalène
Aux prunelles d’or.Allons vers l’accueil des vierges adorées :
Nos yeux connaîtront les larmes des retours :
Nous verrons enfin s’... -
Du ciel poli comme un miroir
Pleuvent les langueurs enflammées,
Et nous suivons, au cœur du soir,
L’irréel essor des fumées.J’adore tes gestes meurtris
Et tes prunelles embrumées…
Tu regrettes… Dans tes yeux gris
Passent et... -
J’ai vu s’éteindre en moi le brûlant désespoir…
Ma bouche cessera de ravager ta bouche,
Je ne connaîtrai plus les veilles sur la couche
De la moite Insomnie et du Désir farouche,Car la Mer et la Mort me rappellent, ce soir…
La nuit...
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Ses lèvres ont ravagé les grappes meurtries
Et bu le baiser rouge et cruel du Désir.
Elle ne connaît point les blanches rêveries,
Ni l’amour que les bras ne sauraient point saisir.Ses regards ont fané la volupté des lignes,
Les roses de... -
L’onde porte le poids des feuilles en détresse.
Elles flottent au fil du courant… L’air est doux…
Allons à la dérive… Errons, ô ma Maîtresse,
Languissamment, au gré du fleuve ardent et roux.Le fleuve ensanglanté des feuilles en détresse
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