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    I

    Mars est venu, la vigne pleure :
    Le vent du nord, passant brutal,
    Fait, sur les branches qu’il effleure,
    Rouler des perles de cristal ;

    Et, peu sensible à tes alarmes,
    Au flanc des côtes sans chemins,
    La terre boit tes grandes larmes,
    Consolatrice des humains.

    Oh ! dis-nous, se peut-il qu’on voie,
    Pour calmer nos «âpres...


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                                MOI

    Quel fardeau te pèse, ô mon âme !
    Sur ce vieux lit des jours par l’ennui retourné,
    Comme un fruit de douleurs qui pèse aux flancs de femme
    Impatient de naître et pleurant d’être né ?
    La nuit tombe, ô mon âme ! un peu de veille encore !
    Ce coucher d’un soleil est d’un autre l’aurore.
    Vois comme avec tes sens s’...

  • Que me fait le coteau, le toit, la vigne aride ?
    Que me ferait le ciel, si le ciel était vide ?
    Je ne vois en ces lieux que ceux qui n'y sont pas !
    Pourquoi ramènes-tu mes regrets sur leur trace ?
    Des bonheurs disparus se rappeler la place,
    C'est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas !


    Le mur est gris, la tuile est rousse,
    L'hiver a...

  • Pourtant le soir qui tombe a des langueurs sereines
    Que la fin donne à tout, aux bonheurs comme aux peines ;
    Le linceul même est tiède au coeur enseveli :
    On a vidé ses yeux de ses dernières larmes,
    L'âme à son désespoir trouve de tristes charmes,
    Et des bonheurs perdus se sauve dans l'oubli.

    Cette heure a pour nos sens des impressions douces
    Comme des...

  • (extraits)

    Quel fardeau te pèse, ô mon âme !
    Sur ce vieux lit des jours par l'ennui retourné,
    Comme un fruit de douleurs qui pèse aux flancs de femme
    Impatient de naître et pleurant d'être né ?
    La nuit tombe, ô mon âme ! un peu de veille encore !
    Ce coucher d'un soleil est d'un autre l'aurore.
    Vois comme avec tes sens s'écroule ta prison !
    Vois...

  • Efface ce séjour, ô Dieu ! de ma paupière,
    Ou rends-le-moi semblable à celui d'autrefois,
    Quand la maison vibrait comme un grand coeur de pierre
    De tous ces coeurs joyeux qui battaient sous ses toits !

    A l'heure où la rosée au soleil s'évapore,
    Tous ces volets fermés s'ouvraient à sa chaleur,
    Pour y laisser entrer, avec la tiède aurore,
    Les nocturnes...

  • Vous laissez tomber vos mains rouges,
    Vigne vierge, vous les laissez tomber
    Comme si tout le sang du monde était sur elles.

    A leur frisson, toute la balustrade bouge,
    Tout le mur saigne,
    Ô vigne vierge... Tout le ciel est imbibé
    D'une même lumière rouge.

    C'est comme un tremblement d'ailes rouges qui tombent,
    D'ailes d'oiseaux des îles, d...

  • Grasinde, vous semblez à la vigne sauvage
    Qui naist pres d'un halier, ou sur un mont desert :
    Là son pampre, et son cep, rien du tout ne luy sert,
    Et si nul Vigneron n'en tire du breuvage.

    Ainsi vostre Beauté qui me tient en servage,
    Sa fleur, son fruit, son tige, et sa racine perd :
    N'employant a propos un manouvrier expert,
    Qui sa racine, tige, et...