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    Si vous continuez d'être ainsi toute pâle
    Dans notre air étouffant,
    Si je vous vois entrer dans mon ombre fatale,
    Moi vieillard, vous enfant ;

    Si je vois de nos jours se confondre la chaîne,
    Moi qui sur mes genoux
    Vous contemple, et qui veux la mort pour moi prochaine,
    Et lointaine pour vous ;

    Si vos mains...

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    C’était au milieu de la nuit,
    Une longue nuit de décembre ;
    Le feu, qui s’éteignait sans bruit,
    Rougissait par moments la chambre.

    On distinguait des rideaux blancs,
    Mais on n’entendait pas d’haleine ;
    La veilleuse aux rayons...

  • Les aspects sont divers de cette morne auberge
    Qu’on nomme l’hôpital. Le vice et la vertu
    Y souffrent à la fois. On met mourir la vierge
    Au lit que, pour mourir, une impure avait eu.

    Martyrs et châtiés sont sur la même ligne,
    Et la fatalité heurte le dévoûment.
    On n’a dans le dortoir qu’un numéro pour signe ;
    L’indifférence à tous fait froid également...

  • Ma pauvre muse, hélas ! qu'as-tu donc ce matin ?
    Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
    Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
    La folie et l'horreur, froides et taciturnes.

    Le succube verdâtre et le rose lutin
    T'ont-ils versé la peur et l'amour de leurs urnes ?
    Le cauchemar, d'un poing despotique et mutin,
    T'a-t-il noyée au fond d'un...

  • Apologue

    Las des fleurs, épuisé de ses longues amours,
    Un papillon dans sa vieillesse
    (Il avait du printemps goûté les plus beaux jours)
    Voyait d'un oeil chagrin la tendre hardiesse
    Des amants nouveau-nés, dont le rapide essor
    Effleurait les boutons qu'humectait la rosée.
    Soulevant un matin le débile ressort
    De son aile à demi-brisée :
    ...

  • Si vous continuez d'être ainsi toute pâle
    Dans notre air étouffant,
    Si je vous vois entrer dans mon ombre fatale,
    Moi vieillard, vous enfant ;

    Si je vois de nos jours se confondre la chaîne,
    Moi qui sur mes genoux
    Vous contemple, et qui veux la mort pour moi prochaine,
    Et lointaine pour vous ;

    Si vos mains sont toujours diaphanes et...

  • Ce soir, ta chair malade a des langueurs inertes ;
    Entre tes doigts fiévreux meurent tes beaux glaïeuls ;
    Ce soir, l?orage couve, et l?odeur des tilleuls
    Fait pâlir par instants tes lèvres entr?ouvertes.

    Les yeux plongeant au fond des campagnes désertes,
    Nous sentons croître en nous, sous la nue en linceuls,
    Cette solennité tragique d?être seuls ;
    Et...