• Comme un chant de cloche pour les vêpres douces
    s’arrête doucement sur la colline en mousse
    près d’une tourterelle aux pattes roses,
    mon âme qui chante auprès de vous se pose.

    Comme un lis blanc au jardin du vieux presbytère
    se parfume doucement par la douceur des pluies,
    par votre douceur, qui est une rosée de taillis,
    mon âme triste et douce comme...

  • O Vierges ! n’est-ce pas qu’autour de mon supplice,
    Vos danses mèneront, sous la lune complice,
    Une orgie en démence au rythme bondissant,
    Et, de l’antique Olympe ébranlant les murailles,
    Feront mes funérailles
    ...

  •  
    Il naquit sur la terre un Ange, dans le temps
    Où le Médiateur sauvait ses habitants.
    Avec sa suite obscure et comme lui bannie,
    Jésus avait quitté les murs de Béthanie ;
    À travers la campagne il fuyait d'un pas lent,
    Quelquefois s'arrêtait, priant et consolant,
    Assis au bord d'un champ le prenait pour symbole,
    Ou du Samaritain disait la...

  •  
    Souvent parmi les monts qui dominent la terre
    S'ouvre un puits naturel, profond et solitaire ;
    L'eau qui tombe du ciel s'y garde, obscur miroir
    Où, dans le jour, on voit les étoiles du soir.
    Là, quand la villageoise a, sous la corde agile,
    De l'urne, au fond des eaux, plongé la frêle argile,
    Elle y demeure oisive, et contemple longtemps
    Ce...

  •  
    D'où venez-vous, Pudeur, noble crainte, ô Mystère,
    Qu'au temps de son enfance a vu naître la terre,
    Fleurs de ses premiers jours qui germez parmi nous,
    Rose du Paradis ! Pudeur, d'où venez-vous ?
    Vous pouvez seule encor remplacer l'innocence,
    Mais l'arbre défendu vous a donné naissance ;
    Au charme des vertus votre charme est égal,
    Mais vous...

  •  
    Ennemi du mensonge, et de ces fictions
    Qui nourrissent des cœurs les folles passions,
    Je veux prendre aujourd'hui la vérité pour guide.
    Par elle encouragé dans un âge timide,
    De l'illustre Prosper j'ose suivre les pas.
    Puissé-je comme lui confondre les ingrats !
    O vous qui ne cherchez que ces rimes impures,
    Des plaisirs séduisans dangereuses...

  •  
    Vous que la vérité remplit d'un chaste amour,
    N'esperez point encor dans ce triste séjour,
    Paisibles possesseurs la goûter sans allarmes :
    Chrétiens, souffrez pour elle, et prêtez-lui vos armes.
    L'église à la douleur destinée ici-bas,
    Prit naissance à la croix, et vit dans les combats.
    Il faut que tout entier sur elle s'accomplisse
    De son époux...

  •  
    Tel que brille l'éclair, qui touche au même instant,
    Des portes de l'aurore aux bornes du couchant ;
    Tel que le trait fend l'air, sans y marquer sa trace :
    Tel et plus prompt encor part le coup de la Grace.
    Il renverse un rebelle aussi-tôt qu'il l'atteint ;
    D'un scelérat affreux un moment fait un saint.
    Ce foudre inopiné, cette invisible flamme...

  •  
    Redoublons, s'il se peut, l'ardeur qui nous anime :
    Elevons notre voix sur un ton plus sublime :
    Osons du Dieu vivant célébrer la grandeur :
    Osons de ses desseins montrer la profondeur.
    Desseins toujours cachés, secrets impénétrables,
    Jugemens éternels, et loix irrévocables,
    Loix terribles d'un Dieu qui voit dans l'avenir
    Ceux qu'il veut...

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    Il est, n’en doutons pas, il est une Harmonie,
    Qui naît du choix des mots qu’enchaîne le Génie,
    Et, dans tous les sujets, par des accords divers,
    On peut à la musique égaler l’art des vers.
    On la peut surpasser, j’ose le dire encore ;
    Volez, Alexandrins, qu’une image décore,
    En calculant vos sons, tristes ou gracieux,
    Vous peindrez à l’oreille...