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    Entends, ô Khons-Hoptou ! L’homme s’agite et change.
    Mais celui-là, mon fils, est digne de louange
            Qui se souvient et tout d’abord,
    Ainsi qu’un voyageur la route poursuivie,
    Contemple ce qui fut, ouvre l'œil sur sa vie
            Et veille en préparant sa mort.

    Heureux dès sa naissance, heureux parmi les hommes,
    Le Scribe satisfait dont...

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    Fuyons ! Voici le temps des roses,
    Belle fuyons ! Voici l’été
    Qui sème au seuil des portes closes
    La poussière de la cité.

    Partout où Juillet nous exile,
    Si nous aimons, nous trouverons
    Un peu d’ombre pour notre asile,
    Un reflet d’azur pour nos fronts.

    Allons où le veut la fortune
    De notre insoucieux...

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    I. LE RELIQUAIRE

    Ici, Mélanippos, le hardi rétiaire,
    Qui n’entend plus sonner la trompette d’airain,
    Laisse pendre à jamais au sombre vestiaire
    Son étroite tunique et son trident marin.

    A Césarée, à Rome, et plus souvent qu’Hercule !
    Il a, d’un jet rapide, en son filet fermé
    Emprisonné le tigre et l’ours noir qui s’accule
    Et capturé le...

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    ....Babel est prise, Bel couvert
    de confusion ; Mérodach est vaincu...

    Jérémie, L, 2.

    Depuis les jours sans nombre où les Rois très antiques
    Ont nivelé le sol et détourné les eaux,
    La Tour se dresse au loin sous les cieux prophétiques.

    Des peuples disparus ont traîné par monceaux
    Le bitume et la brique et l’argile à sa...

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    ... Quos vita fessos ad mores eorum
    fortunæ fluctus agitat. Ita per
    sæculorum millia... Gens æterna est,
    in quo nemo nascitur. Tam fecunda
    illis aliorum vitæ pænitentia est...

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    Et les temps n’étaient plus.

                                                    En une ombre pesante
    Se figeait lentement la Vie agonisante.
    Nul bruit dans l’air obscur ; du fond du ciel béant
    Nul souffle, descendu sur le nouveau néant,
    N’a ridé l’épaisseur léthargique des ondes
    Ni réveillé l’Esprit au sein glacé des mondes.
    La neige dans les...

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    Ils vont sans trêve ; ils vont sous le ciel bas et sombre,
    Les Fugitifs, chassés des anciens paradis ;
    Et toute la tribu, depuis des jours sans nombre,
    Dans leur sillon fatal traîne ses pieds roidis.

    Ils vont, les derniers-nés des races primitives,
    Les derniers dont les yeux, sur les divins sommets,
    Dans les herbes en fleur ont vu fuir les Eaux...

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    Les tentes de Laban dormaient dans la nuit bleue,
    Et dans Paddan-Aram, autour des puits déserts,
    Les taureaux abreuvés, se fouettant de leur queue,
    Aspiraient l’odeur chaude, éparse dans les airs.

    La lune étincelait. L’immobile silence
    Écrasait les enclos où quelque vieux pasteur,
    En sommeillant debout, appuyé sur sa lance,
    Parmi les buissons...

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    Fuyant l’abri natal, Bethléem et la haine
    D’Hérodès inquiet et le meurtre ordonné,
    Ioseph de Nazareth vers l’Egypte lointaine
    A guidé Miryam avec le Nouveau-né.

    Ils ont franchi les mont », le désert de Syrie,
    Les gouffres de Péluse et les marais fiévreux
    Où le vent libyen, dans l’oasis flétrie,
    De souffles ignorés se parfumait pour eux.

    ...
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    Heureux l’homme qui voue en sa pensée austère
    Un temple intérieur à l’éternel mystère
    Et grave comme un prêtre, humble comme un enfant,
    Ignore, cherche, espère, et médite, et défend
    La porte de son âme aux amours illusoires !
    Heureux qui se réveille et sort des cités noires
    Comme un soldat des camps, comme un marin des...