Je vous aime, mon corps, qui fûtes son désir,
Son champ de jouissance et son jardin d'extase
Où se retrouve encor le goût de son plaisir
Comme un rare parfum dans un précieux vase.
Je vous aime, mes yeux, qui restiez éblouis
Dans l'émerveillement qu'il traînait à sa suite
Et qui gardez au fond de vous, comme en deux puits,
Le reflet persistant de sa...
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Poussant des boeufs pourprés dans le brun des labours,
Et tranchant le genêt, déracinant la brande
Les bouviers du pays partout chantent la 'Grande'
A pleins poumons. - Ils ont, comme les guerriers boërs,
D'épais colliers de poil tout autour des mâchoires,
Ils s'attachent aux reins un tablier de peau ;
Et, sur leurs crânes ronds de Celtes, un chapeau... -
... Avez-vous contemplé l'hymen plein de mystère
Des astres amoureux des fleurs de notre terre,
Dans une de ces nuits où le sylphe Ariel
Semble avoir répandu son haleine de miel ?
Les constellations, radieuses abeilles,
Aspirent le printemps par toutes ses corbeilles.
Un rayon des Gémeaux, en voilant son ardeur,
Sur les lis frémissants vient baiser la... -
...Sous les arbres de nard, d'aloès et de baume,
Chaque souffle de l'air, dans ce flottant royaume,
Est un enfant qui vole, un enfant qui sourit
Au doux lait virginal dont le flot le nourrit ;
Un enfant, chaque fleur de la sainte corbeille ;
Chaque étoile, un enfant ; un enfant, chaque abeille.
Le fleuve y vient baigner leurs groupes triomphants ;
L'... -
Un grand aigle planant sur un ciel nuageux,
Veut savoir s'il est roi de l'empire orageux,
Son vol s'y plonge... il vient, l'aile sur sa conquête,
Se placer, comme une âme, aux flancs de la tempête ;
Et surveiller, de près, tous les feux dont a lui
Ce volcan voyageur qui s'élance avec lui.
Mais brisé dans sa force, il hésite, il tournoie ;
L'horizon de... -
... Dans un vague terrible et souffrant, chaque forme,
Comme sous le brouillard les bras nus d'un vieil orme,
Se dresse et s'agrandit sur ces champs de douleur,
Où l'être et le fantôme ont la même couleur.
L'oeil fermé par l'effroi, dans l'ombre expiatoire,
Retrouve en se rouvrant la vision plus noire.
Telle qu'un mont d'airain, tantôt l'éternité
Donne... -
Il était une fois un gars si laid, si laid
Et si bête ! qu'aucune fille ne voulait
Lui faire seulement l'aumône d'un sourire ;
Or, d'avoir trop longtemps souffert l'affreux martyre
De ne pas être aimé lorsque chante l'amour,
Le pauvre gars s'en vint à mourir un beau jour...
On l'emmena dormir au fond du cimetière,
Mais, son âme, un Avril, s'échappa de... -
(Légende du Moyen Age)
Le beau chevalier était à la guerre...
Le beau chevalier avait dit adieu
A sa dame aimée, Anne de Beaucaire
Aux yeux plus profonds que le grand ciel bleu.
Le beau chevalier, à genoux près d'elle,
Avait soupiré, lui baisant la main :
" Je suis tout à vous ! soyez-moi fidèle ;
A bientôt !... je vais me mettre en chemin... -
Madame, c'est moi qui viens.
Moi, cela ne vous dit rien !
Je viens vous chanter quand même
Ce que mon coeur a rimé
Et si vous voulez m'aimer ?
Moi : c'en est un qui vous aime !
Oh ! vos mains, dont les pâleurs
Bougent, en gestes de fleurs
Qu'un peu de brise caresse !
Oh ! vos beaux yeux impérieux !
Un seul regard de ces yeux
Dit... -
Comme s'effeuille une rose
L'amante dolente aux traits
Ravagés par la chlorose
Est morte au soir des regrets
Et sur le bord de sa fosse
Le vieux prêtre au dos cassé
A glapi de sa voix fausse
Requiescat in pace !...
Et maintenant pauvre chère
Elle git loin du soleil
Sous le grand champ en jachère
Où tout est paix et sommeil
...