Un grand aigle planant sur un ciel nuageux,
Veut savoir s'il est roi de l'empire orageux,
Son vol s'y plonge... il vient, l'aile sur sa conquête,
Se placer, comme une âme, aux flancs de la tempête ;
Et surveiller, de près, tous les feux dont a lui
Ce volcan voyageur qui s'élance avec lui.
Mais brisé dans sa force, il hésite, il tournoie ;
L'horizon de la foudre autour de lui flamboie,
Et, sous le vent de feu courbant son vol altier,
Ce roi de la tempête en est le prisonnier.
Emblème tourmenté de l'existence humaine,
Un tourbillon l'emporte, un autre le ramène ;
Son cri royal s'éteint au bruit tonnant des airs ;
Un éclair vient brûler son oeil rempli d'éclairs.
Alors, tout effaré, comme un oiseau de l'ombre,
Ou pareil, dans la nue, au navire qui sombre,
On voit, aux profondeurs de cet autre océan,
Flotter, demi-noyé, l'aigle aveugle et béant.
La grêle bat son flanc qui retentit... L'orage,
Comme un premier trophée, emporte son plumage.
Il cherche son soleil ; mais, d'ombres tout chargé,
Sur un écueil des cieux le soleil naufragé
A perdu, comme lui, son lumineux empire
Son disque défaillant dans le nuage expire ;
Et l'ouragan, vainqueur de son triste flambeau,
Engloutit l'aigle et l'astre en un même tombeau.
Et moi, moi, je vis choir de la nue enflammée,
Par les feux du tonnerre à moitié consumée,
Une plume de l'aigle, et comme l'inspiré
De Pathmos, je voulus que ce débris sacré
Me servit à tracer, puissant et prophétique,
Les récits étoilés de mon drame mystique.
Viens aux mains du poète, devant son autel,
Changer ton vol d'un jour contre un vol immortel !
Notre pâle soleil te dorait de sa flamme,
Nous allons traverser tous les soleils de l'âme ;
Et tenter un orage en nos vivants chemins,
Plus profond que celui qui te jette en mes mains ;
Et peut-être, avec moi, qu'à son souffle ployée,
Une seconde fois tu seras foudroyée.
Viens ! viens ! Dante suivait, d'un sceau brûlant marqué,
Le laurier radieux du poète évoqué ;
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Qui fait du coeur de l'homme un temple d'harmonie.
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