• Quelle étoile nous vit donc naître, nous qui sommes
    Les voleuses de vos coeurs charmants, Enfants-rois ?
    C'est nous qui vous faisons la cour, ô jeunes hommes,
    Et vos légèretés nous sont d'atroces croix.

    En nous rien des yeux verts de l'amante fatale
    Par sa jupe épandue en mare de sang noir.
    Rien des beautés faisant que le désir détale
    Devant leurs...

  • Quand vous coulant au bas de vos lits d'accouchées
    Après les affres du premier enfantement
    Vous vous dressez enfin, vous sentant allégées
    Comme un arbre où saignait un fruit mûr, lourdement ;

    Que dans votre miroir, Mères, Eves maudites,
    Votre ombre frêle et pâle encore du danger
    Vous fait prendre en horreur nos enfances, proscrites
    D'un geste, et...

  • Vous mîtes votre bras adroit,
    Un soir d'été, sur mon bras... gauche.
    J'aimerai toujours cet endroit,
    Un café de la Rive-Gauche ;

    Au bord de la Seine, à Paris
    Un homme y chante la Romance
    Comme au temps... des lansquenets gris ;
    Vous aviez emmené Clémence.

    Vous portiez un chapeau très frais
    Sous des noeuds vaguement orange,
    ...

  • Ô mon Seigneur Jésus, enfance vénérable,
    Je vous aime et vous crains petit et misérable,
    Car vous êtes le fils de l'amour adorable.

    Ô mon Seigneur Jésus, adolescent fêté,
    Mon âme vous contemple avec humilité,
    Car vous êtes la Grâce en étant la Beauté.

    Ô mon Seigneur Jésus qu'un vêtement décore,
    Couleur de la mer calme et couleur de l'aurore...

  • A la fête qu'après-demain je donnerai,
    Il y aura beaucoup de monde. Toi, curé,
    J'exige que l'on vienne et le diable ait ton âme !
    S'il y aura des gens de l'Olympe? Oui, madame,
    Quant à vous, je ne vous invite pas, Zari.
    On entrera, dès que le maître aura souri,
    A l'heure par exemple où se couchent les villes.
    A la porte on vendra des éventails des Iles...

  • Une musique amoureuse
    Sous les doigts d'un guitariste
    S'est éveillée, un peu triste,
    Avec la brise peureuse ;

    Et sous la feuillée ombreuse
    Où le jour mourant résiste,
    Tourne, se lasse, et persiste
    Une valse langoureuse.

    On sent, dans l'air qui s'effondre,
    Son âme en extase fondre ;
    - Et parmi la vapeur rose

    De la...

  • Je vous connais comme elle, ô murs, travail des nonnes,
    Préaux fleuris d'amours furtifs, silencieux
    Parloirs, où, par la nuit, l'âme des lunes bonnes
    Se distille, rosée errante de leurs yeux ;

    Cour grise où tourne le soulier lacé des grandes,
    Couvrant sous de longs cils des yeux endoloris,
    S'imaginant, le soir des mystiques offrandes,
    Causer, dans...

  • N'êtes-vous pas toute petite
    Dans votre vaste appartement,
    Où comme un oiseau qui palpite
    Voltige votre pied normand ?

    N'est-elle pas toute mignonne,
    Blanche dans l'ombre où tu souris,
    Votre taille qui s'abandonne,
    Parisienne de Paris ?

    N'est-il pas à Vous, pleine d'âme,
    Franc comme on doit l'être, à l'excès,
    Votre coeur d'...

  • Aimez vos mains afin qu'un jour vos mains soient belles,
    Il n'est pas de parfum trop précieux pour elles,
    Soignez-les. Taillez bien les ongles douloureux,
    Il n'est pas d'instruments trop délicats pour eux.

    C'est Dieu qui fit les mains fécondes en merveilles ;
    Elles ont pris leur neige au lys des Séraphins,
    Au jardin de la chair ce sont deux fleurs...

  • Madame, on m'a dit l'autre jour
    Que j'imitais... qui donc ? devine ;
    Que j'imitais Musset : le tour
    N'en est pas nouveau, j'imagine.

    Musset a répondu pour nous :
    " C'est imiter quelqu'un, que diantre !
    Écrit-il, que planter des choux
    En terre... ou des enfants... en ventre. "

    Et craquez, corsets de satin !
    Quant à moi, s'il me faut tout...