• Quand nous en serons au temps des cerises,
    Et gai rossignol et merle moqueur
    Seront tous en fête.
    Les belles auront la folie en tête
    Et les amoureux du soleil au coeur.
    Quand nous en serons au temps des cerises,
    Sifflera bien mieux le merle moqueur.

    Mais il est bien court, le temps des cerises,
    Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
    Des...

  • Puisque de mes destins l'arrêt est prononcé
    Et qu'aux profanes cris de la grande adultère,
    J'aurai d'un sang trop pur demain marqué la terre,
    Vieil aigle par les feux de mille coups percé,

    Apollon, toi, seul dieu qui mon culte ait fixé,
    Flambeau toujours présent à ma carrière austère,
    Apporte à mon chevet, du pâle grabataire
    Dernier festin ! Hellas,...

  • J'ai sablé le vin, j'ai humé les roses ;
    J'ai cueilli la fleur du plus beau baiser :
    Je ne trouve plus au fond de ces choses
    De quoi me griser...

    Les jours ont brillé sur ma tête pâle
    Sans m'apprendre rien du Tout qu'il y a :
    Mon coeur m'apparaît comme sort d'un châle
    Un camélia...

    Jeunesse, éclair ! jours enfuis comme un rêve !
    ...

  • Les feuilles tombent ; c'est l'automne
    Et mes jours s'en vont au tombeau,
    Il n'est plus de mal qui m'étonne,
    Déchiré comme un vieux drapeau.

    Transfuge du Pinde, où, sans crime,
    Je m'assis aux pieds d'Apollon,
    Je roule d'abîme en abîme,
    Devenu d'or pur un vain plomb.

    Amour, Gloire, au vent tout s'envole,
    Dépouilles d'un songe...

  • Cette nuit (noble accord des êtres et des choses)
    En un palais, le plus tranquille des tombeaux,
    Trois nymphes, l'or, la neige échangeantes aux roses,
    Dansaient, flammes de marbre, aux feux des vieux flambeaux.

  • Tableau qui mes peines dissipe,
    Je contemple en m'attendrissant
    Le village fumant sa pipe
    Aux pieds du soir incandescent.

    Soleil, mourant témoin des crimes
    Absous par le jour qui s'en va,
    Sur l'autel de tes feux sublimes,
    Satisfais, frère, à Jéhovah !

    Nuit, tombeau du ciel sans mystère,
    Chasses-en ce jour qui nous ment !
    Viens...

  • Pétard qui tranche de la bombe,
    Le Winchester a retenti :
    Ton doux vol s'est brisé, colombe,
    Petit point au ciel, tout petit...

    Pauvre être ! au plus haut des espaces,
    Il buvait l'azur, loin de tout :
    Ivresse, spectacle des Grâces !
    "Beau coup de fusil ! - Yes ! beau coup ! "

    Chute immense ! Deuil d'Amathonte !
    Triomphe de l'iniquité !...

  • ou le retour à Ithaque


    Chère, après tant de maux, ton front renaît plus beau
    (Redevenus époux, comme tu nous appelles),
    Comme si la douleur était le grand flambeau,
    Femmes, qui veille en vous pour vous faire plus belles !
    Ô, ne me dites plus que l'Amour a des ailes
    Et que le coeur de l'homme est un passant qui ment !
    Vois : le retour d'Ulysse...

  • ( Io! le Délien est né !
    J. Tahureau. Ode à Estienne Iodelle)

    Si, parjure aux Grâces attiques,
    D'une brosse maldocte elle a,
    A quatre épaisseurs d'encaustique,
    Vernissé la Minerve antique
    Du plus barbare des éclats ;

    Ou que, d'une bouche sans foudre,
    Elle ait, parodique, tenté
    La...

  • Les Talons
    Vont
    D'un train d'enfer,
    Sur le sable blond,
    Les Talons
    Vont
    D'un train d'enfer
    Implacablement
    Et rythmiquement,
    Avec une méthode d'enfer,
    Les Talons
    Vont.

    Cependant le corps,
    Sans nul désarroi,
    Se tient tout droit,
    Comme appréhendé au collet
    Par les
    Recors
    La danseuse exhibe ses bas...