• La dame en deuil, parmi les glycines des treilles,
    Erre languissamment dans les longues allées
    Où des senteurs de fruits et de grappes foulées
    Flottent en l'air vibrant d'une rumeur d'abeilles.

    Ses mains blondes avec une lente indolence
    Saccagent en passant des lys et des verveines,
    Et chaque fois qu'au loin sonnent les heures vaines
    Ses grands...

  • Je préfère aux beautés des Artémis divines
    Le corps mièvre et danseur des filles de Paris ;
    J'aime les yeux rieurs et les voilettes fines,
    Les contours estompés par la poudre de riz.

    J'aime l'ambre et le musc plus que l'antique myrrhe ;
    Pour moi, la nudité des nymphes ne vaut pas
    Une robe moulant un beau corps, et j'admire
    Les chers souliers...

  • Tu parlais du jardin où les roses claustrales
    Pour les bouquets d'autel fleurissaient doucement,
    Des nonnes dans l'enclos lumineux et dormant
    Cueillant des fruits au son des cloches vespérales ;

    Et moi je te voyais en un calme couvent
    T'asseoir, rigide et blanche, aux stalles des chapelles
    Et lever vers le ciel tes mains froides et belles
    Et...

  • Nulle pourpre aujourd'hui dans le gris vespéral ;
    Le jour meurt simplement comme une âme lassée,
    Et voici que du ciel uniforme et claustral
    Une paix de couvent tombe sur ma pensée.

    J'accepte le conseil religieux du soir
    Qui m'édifie un pacifique monastère,
    Et mon rêve, oublieux et calme, ira s'asseoir
    Au jardin monacal plein de chaste mystère....

  • Ce soir, an fond d'un ciel uniforme d'automne,
    La lune est toute seule ainsi qu'un bâtiment
    Perdu sur les déserts marins, et lentement
    Vogue dans l'infini de la nuit monotone.

    Ce n'est pas la clarté des monotones nuits
    Brillantes d'or fluide et de brume opaline ;
    Mais le ciel gris est plein de tristesse câline
    Ineffablement douce aux coeurs...

  • Comme un bruit très lointain des cloches et des vagues
    J'entends dans mon Esprit chanter des rhythmes vagues ;
    Je rêve des sonnets divinement sculptés
    Et des strophes dansant, langoureuses almées,
    Un pas lascif, et des vers pleins de voluptés,
    Des vers câlins, ayant le son de voix aimées.

    J'aime ces sons lointains, ces poèmes rêvés,
    Et je voudrais...

  • Le parc bien clos s'emplit de paix et d'ombre lente :
    Un vent grave a soufflé sur le naïf orgueil
    Du lys et la candeur de la rose insolente ;
    Mais les arbres sont beaux comme des rois en deuil.

    Encore un soir ! Des voix éparses dans l'automne
    Parlent de calme espoir et d'oubli ; l'on dirait
    Qu'un verbe de pardon mystérieux résonne
    Parmi les rameaux...

  • Dans la haute nef qui frissonne toute
    Au bruit triomphal de l'hymne chanté,
    Un étrange évêque, au coeur plein de doute,
    Officie avec somptuosité.

    Il chante - que Dieu soit ou non, qu'importe ?
    Qu'importe le ciel sévère ou clément ? -
    Impassible, il chante, et de sa main forte
    Lève l'ostensoir solennellement.

    Mais - tandis qu'au loin sa...

  • Quand le vent automnal sonne le deuil des chênes,
    Je sens en moi, non le regret du clair été,
    Mais l'ineffable horreur des floraisons prochaines.

    C'est par l'avril futur que je suis attristé ;
    Et je plains les forêts puissantes, condamnées
    A verdir tous les ans pendant l'éternité.

    Car, depuis des milliers innombrables d'années,
    Ce sont des...

  • Sous le ciel gris lavé d'opale
    Et qu'un soleil aux rayons lents
    Poudre d'or vaporeux et pâle,
    Elles vont it pas nonchalants ;

    Roses de froid sous les voilettes
    Elles passent, laissant dans l'air
    Une senteur de violettes
    Mourantes, et de blonde chair.

    *
    **

    Elles ne vont ni vers l'église
    Où, sur les mystiques autels,...