• Quand vient le soir,
    Des cygnes noirs,
    Ou des fées sombres,
    Sortent des fleurs, des choses, de nous
    Ce sont nos ombres.

    Elles avancent ; le jour recule.
    Elles vont dans le crépuscule,
    D'un mouvement glissant et lent.
    Elles s'assemblent, elles s'appellent,
    Se cherchent sans bruit,
    Et toutes ensemble,
    De leurs petites ailes,...

  • " Nous voici. Dans le ciel naît l'aurore nouvelle,
    La mort s'efface, Enfant, et le malheur n'est plus,
    A travers les airs bleus, de l'éclair de nos ailes,
    En foule auprès de toi nous voici revenus.

    Regardé, Ève divine, écarte tes mains pâles
    De ton visage plus doux que l'aurore, vois,
    Nous nous tenons comme une troupe triomphale,
    Debout dans la...

  • Regarde au fond de nous : nous sommes l'Emeraude
    Eternelle, et feuillue, et qui semble une mer,
    Où rôdent des parfums à travers la nuit chaude,
    Où circule le flot des grands anges de l'air.

    Nous sommes la forêt énorme et murmurante,
    Pleine d'ombre éblouie et de sombre splendeur,
    Qui respire et qui vit, où mille oiseaux d'or chantent,
    Et dont la...

  • Le soir fraîchissait dans les roses.
    Inquiets de troubler ce charme défaillant,
    Des êtres inconnus, voluptueusement,
    Atténuaient les choses
    De voiles hyacinthes, semblables à des mers.
    Tout s'effaçait en un calme silence,
    Et devenait l'imperceptible hier.
    Des choses qui mouraient paraissaient immortelles,
    D'autres, languissamment, s'exhalaient dans...

  • L'onde tremble comme une moire
    De ténèbre à travers la nuit,
    L'onde profonde, sourde et noire,
    Où tout à coup la lune luit.

    Du fond des eaux la lune attire
    De pâles, longues, frêles fleurs,
    Qui montent, s'ouvrent et se mirent
    Dans son impalpable splendeur.

    Mystérieusement écloses,
    Comme un mortel pressentiment,
    Dans l'onde...

  • C'est de leurs voix que j'ai redit
    Leurs paroles, mais plus haut qu'elles,
    Tu voles, ma chanson aux ailes
    Bleues d'oiseau de Paradis !

    Ô ma chanson, tu les dépasses,
    Tu leur ouvres l'immense azur !
    Et tu jettes leur rire obscur
    En mille étoiles dans l'espace.

    Leur pauvre coeur silencieux,
    S'approfondit quand tu le touches ;
    L...

  • La voix qui sous les feuilles profondes chantait là,
    Cette nuit, qu'une inquiète et tendre âme exhala,
    Voilant de son sourire sa frêle grâce atteinte,
    S'en est allée avec cette âme qui s'est éteinte.
    Son mystérieux frisson dans l'aurore a passé.
    Elle parlait d'Enfance, d'Ailleurs et du Passé.
    C'était une voix d'ombre : maintenant elle est morte,
    Et...

  • Ô Lumière,
    Qui fis mes yeux d'azur
    Et d'humide splendeur,
    Comme de pures et claires
    Fleurs des airs !

    Ô Désir, qui créas ces lèvres,
    Qu'entr'ouvre un sourire
    Et qu'un baiser soulève !

    Ô Amour,
    Qui façonnas de tes mains
    Douces et blanches
    Cette coupe de mon sein,
    Où, à l'entour d'une fleur close,
    Court une...

  • Comme elle chante
    Dans ma voix,
    L'âme longtemps murmurante
    Des fontaines et des bois !

    Air limpide du paradis,
    Avec tes grappes de rubis,
    Avec tes gerbes de lumière,
    Avec tes roses et tes fruits ;

    Quelle merveille en nous à cette heure !
    Des paroles depuis des âges endormies
    En des sons, en des fleurs,
    Sur mes lèvres...

  • " Il luit dans l'ombre,
    Le beau fruit d'or,
    Il luit comme un trésor
    Entre ces feuilles.
    C'est pour toi qu'il a mûri,
    Le beau fruit du paradis.
    Quelles roses lui sont pareilles ?

    Voilés de leurs ailes,
    Les anges sommeillent...

    Voici que la nuit vient,
    Pas une étoile ne se lève.
    Oh ! rien
    Qu'un effleurement
    ...